!!! › Me and Giuliani down by the schoolyard/intensifier

Bon, allez, je ne vais pas me la jouer cachottier, autant vous l’affirmer d’emblée : je ne suis pas d’accord du tout avec la chro de l’album des « !!! » par notre Progmonster national. Pour moi, !!! (à prononcer « tchique tchique tchique », et non pas « aïe aïe aïe ») est l’un des groupes les plus frais sorti depuis le début des années 2000… Et ce premier single sur Touch & Go, d’un vert radioactif du plus bel effet, en est la preuve. Bien sûr, il faut passer outre la hype énervante de la presse qui s’est acharnée sur eux dès leur découverte par la scène londonienne, les classant comme les outsiders de groupes nettement moins intéressants comme The Rapture ou encore les fantoches anglais de Maximo Pärk, eux aussi signés sur Warp. Alors, du rock sur Warp, hérésie, opportunisme, ou ouverture d’esprit salutaire ? Eh bien, rien de tout cela. Dans le cas de !!! (et de TV On The Radio), il s’agissait juste de bénéficier d’une sortie européenne, puisque !!! usinait déjà une « dance-punk » (une étiquette improbable, mais qu’il fallait bien inventer un jour ou l’autre…) depuis 1997 aux USA, dans l’anonymat le plus total, on s’en doute. Mais faisons fi de ces classifications, les !!! se revendiquent les héritiers de l’esprit frondeur du disco new-yorkais des années 70/80 et se déclarent plus influencés par la house de Maurice Fulton que par le post-punk. Et c’est en cela que les 7 clubbers apportent du sang neuf à l’electro : ils ne font rien d’autre que de la house, jouée avec de vrais instruments. La batterie de John Pugh sonne comme les boîtes à rythmes utilisées par les Neptunes ou par la scène Grime anglaise, et ce ne sont pas les onomatopées du facétieux chanteur Nic Offer (ancien chanteur de hardcore quand même) qui viendront démontrer le contraire. On est donc assez loin, à mon sens, de tous ces groupes singeant les Talking Heads en les durcissant avec un son archi-criard, qui, eux, rencontrent beaucoup plus de succès. Les !!!, adeptes de l’hédonisme, des envolées de guitares psychédéliques, et d’une dérision permanente qui se reflète sur leurs pochettes, sont trop mal peignés pour le grand public, avec leurs chansons de 9 minutes, dont 2 figurent sur ce maxi 45t qui s’écoute aussi en 33t si l’on veut avoir l’impression d’écouter un vieux Parliament. La face A, en forme de cavalcade a travers le groove, raille le maire conservateur de New York, Rodolph Giuliani, tout en citant les paroles de « Footloose » - la comédie musicale, pour se finir dans une ambiance digne du futur réveillon qui attend nombre d’entre nous. Au passage, cuts-ups de cuivres, montées extatiques de guitares funk, facétieuses ruptures de rythme… Quand à la face B, derrière son intitulé barbare, il ne s’agit que d’une track de techno basique, jouée pied au plancher sur fond de diction à la Beastie Boys du chanteur survolté. Un maxi fort sympathique, fun à souhait, bien que moins étonnant et déboussolant 3 ans après (aujourd’hui il y a Cansai De Ser Sexy …).