Nektar › Remember the future

Symboliquement, "Remember The Future" est à Nektar ce que "The Dark Side of The Moon" est à Pink Floyd. Une borne référentielle qui va artistiquement crucifier le groupe. Il n'y avait pas grand chose avant, il n'y aura plus rien d'autre après. Tel est le message. S'il faut découvrir Nektar, c'est avec ce disque-ci qu'il faut le faire me disait-on... Avec le recul nécessaire aujourd'hui, je ne partage pas nécessairement ce point de vue. Mais alors, si vous vous décidez quand même à tenter le voyage vous aussi, faites moi le plaisir de ne pas écouter les vieilles versions cd de 1990 qui avaient complètement éradiqué du mix toute une partie du jeu de guitare ! Parce qu'il y a un côté indéniablement funky à "Remember The Future" ; on est presque tenté de croire que c'est volontairement qu'on a fait disparaître cette guitare wah-wah du canal gauche. Quoi qu'il en soit, si l'on se laisse en effet imprégner assez facilement par cette mélodie, il ne s'en dégage pas de véritable force, et il en va de même pour les nombreuses variations qui lui succèdent. C'est plaisant, mais pas déterminant au point de l'inscrire au panthéon des incontournables du genre, loin de là. S'il n'y avait pas eu "...Sound Like This" entre les deux, "Remember The Future" n'aurait peut-être pas emporté si aisément tous les suffrages tant il s'apparente ni plus ni moins à une extrapolation de ce que Nektar avait fait avec la plage titulaire de "A Tab In The Ocean". Le travail sur les harmonies vocales, les ambiances génératrices de contraste qui s'y trouvent apportent toutefois une touche plus lyrique qui les rapprocherait - au conditionnel, j'insiste - de Yes. Car sinon, c'est en effet plutôt sur ce disque-ci, et non le précédent, que Nektar installe pour de bon son style unique dans le paysage du progressif anglo-saxon ; une musique aventureuse mais qui se refuse à développer un langage hermétique, menée à la baguette par une guitare acide et bluesy à la fois. Quant au syndrome Pink Floyd, Nektar ne se contente plus seulement de le traduire en musique, mais aussi sur scène ; Mick Brockett, leur ingénieur lumière attitré, apparaissant officiellement pour la première fois comme le cinquième homme du groupe !