Nortt › Ligfaerd

Extrême... Lourd... Prenant... Pour ce deuxième album, Nortt amène les choses plus loin encore que sur le déjà très minimaliste "Gudsforladt". Toujours guidé par la désolation et le désespoir, Nortt propose ici un véritable pavé, quelque part entre ambient, indus et funeral doom. De black metal ne subsistent plus que le maqueillage et quelques arpèges rappelant vaguement le black dépressif tel qu'on le connaît. Mais toutes ces conneries, Nortt a déjà décidé d'aller plus loin. Nortt c'est l'obscurité la plus complète, plus la peine de dessiner la mort, avec "Ligfaerd" nous le sommes déjà. Me voilà déjà commençant un pavé des plus imagé, pourtant ce disque, s'il ne laissera personne indifférent, m'a bien laissé songeur. A vouloir devenir si intègre, à toujours chercher à aller plus loin, et si Nortt s'enfermait dans ses sonorités et finissait par devenir tout simplement... chiant ? C'est un peu le cas de ci de là sur cet album. Notamment, mais cela n'est que l'avis d'un metalleux, lors des très longues plages ambientes ("Gudsforladt" et ses trois coups de tonnerres, "Ligfaerd" sans intérêt...), ou bien sur les pasages limite drones qui finissent par lasser. Mais en même temps, cela découle d'une démarche que l'on sent réellement sincère, une véritable recherche de l'extrême en matière d'obscurité musicale. "Ligfaerd" est complètement déprimé et déprimant. Nortt évolue légèrement par rapport à son album précédent, intègre mieux le clavier et s'en sert come couverture ambiente de ci et là, les guitares prennent des aspect drone et perdent toute appartenance à leurs origines metal, le "chant" n'est qu'un vieux râle sans articulation, les rythmiques restent les mêmes, binaires, désolées et sans âmes... Tout en se rapprochant de la scène ambient/indus, Nortt se rapproche aussi réellement du funeral doom avec un morceau comme "Dodsrune" qui respire le cimetière et la procession d'âmes fauchées en route pour des contrées oubliées. Dur donc de noter un tel disque, tant son ambiance est glaçante, à ne pas mettre entre toutes les mains, pour peu que l'on se donne les moyens de l'écouter proprement. Bien difficile en effet de profiter de cet album en des conditions "normales". C'est bien là le gros "défaut" de ce disque, si l'auditeur ne fait pas l'effort de se mettre dedans, il va très très vite s'ennuyer à mourrir. Trois notes par minute, un rythme binaire et pachydermique, et un jusqu'au boutisme qui force le respect, "Ligfaerd" est à écouter d'abord pour son atmosphère, et de fait, plutôt comme un disque d'ambient. Les metalleux comme moi risquent ainsi d'être un peu déçus avec toute cette avalanche de passages atmo, pourtant ils risquent bien de passer à côté de quelque chose de gros. Un disque qui ne s'écoute pas tous les jours comme ça c'est certain, mais un disque qui a des choses à faire vivre, ça c'est sûr...