Il y a peu, j'ai pris la décision de décortiquer mes disques par ordre alphabétique ; ce sera toujours ça de gagné sur le temps que je perds parfois à me demander sans cesse ce dont je dois parler en priorité vu l'afflux des demandes. Je sens qu'on va bien se marrer si certains comptent spéculer sur ce qui va suivre... Pour l'heure, arrêtons nous un instant sur l'excellent second disque des américains de 5ive - non, pas le boys band, rassurez-vous ! D'ailleurs, c'est sans doute à cause de cet amalgame fâcheux que le groupe s'est depuis fait greffé un "Continuum Research Project" qui, malgré son air pédant, leur va à ravir. Cet album, c'est un peu le changement dans la continuité vu que le groupe y applique la même recette qui a fait le succès de son prédécesseur, tout en y apportant son lot de nuances qui, à mes oreilles, font toute la différence. Le plus évident, et le plus choquant aussi peut-être pour ceux qui avaient particulièrement apprécié leur précédent opus, c'est l'apport du chant. Jonah J. Jenkins (ancien Milligram, qu'on a aussi entendu depuis sur le dernier Converge) est l'invité surprise, mais sur les deux premiers titres seulement, dont ce "Stockholm Blues" qui, en ce qui me concerne, représente la plus belle réussite du disque. Non, ce chant ne me dérange vraiment pas. Je trouve même qu'il apporte un plus considérable à l'ensemble, suivant les modulations d'un 5ive toujours enclin à appuyer sur la pédale d'embrayage. Sur "The Telestic Disfracture", les guitares de Ben Carr patinent comme l'aiguille endommagée d'un lecteur de platines sur un 33t ; un râle, un déchirement dont on ne souffre pas curieusement, on s'en délecte ! Mais pas seulement : grâce à une production autrement plus clinquante et précise dans sa mise en lumière des détails, 5ive donne à ses (trop ?) longues intros boueuses un côté inmanquablement noise qui atténue considérablement son côté stoner. Ce n'est ni un bien ni un mal. C'est juste plus tout à fait la même chose. Ainsi, ces lointains héritiers de The God Machine sont-ils parvenus à ériger un monde qui leur ressemble et dans lequel se retrouveront aisément les amateurs de Earth, My Bloody Valentine et Mono.