Miles Davis › In concert

Vous pourrez faire le compte vous-mêmes si vous ne me croyez pas ; en une décennie, Miles est parvenu à publier dix doubles albums, dont quand même sept en concerts ! C'est trop. "In Concert" restera, et de loin, le moins intéressant du lot. Tout d'abord parce qu'il souffre d'une restitution sonore indigne quand on le compare aux autres titres de son impressionnant catalogue. Un rendu presque bootleg par endroits et qui manque cruellement de définition. Ensuite parce que pas grand chose de passionnant ne s'y déroule. Miles emmène avec lui sur les routes quelques uns des musiciens qui ont participé à "On The Corner", mais pas ceux que l'on croit ; je parle des nouveaux piliers que sont Al Foster, Michael Henderson ou le guitariste Reggie Lucas, ainsi que les apparemment obligatoires percussionnistes Mtume, Khalil Balakrishna et Badal Roy. Bref, un groupe remodelé de a à z qui assure, certes, mais qui ne fait que ça, et c'est là tout le drame... Pas de vraies mises en danger ici. D'ailleurs, et c'est un comble, la plupart des titres sonnent mieux dans leur version studio qu'en concert, mais il est vrai qu'on ne le sait pas encore (il faudra attendre "Get Up With It" en 1975 pour découvrir d'autres versions de "Rated X" et "Honky Tonk", pareil pour "Ife" qui apparaîtra lui sur "Big Fun"). C'est bien dommage car "In Concert" est en soi le seul véritable témoignage de cette période charnière, bien que le trompettiste enfoncera le clou de ses expérimentations sonores, et de manière ô combien plus convaincantes, avec "Agharta", "Pangaea" et "Dark Magus". Les acharnés manquant cruellement d'impartialité ne seront bien entendu pas d'accord avec moi ; et quoi de plus normal puisque "In Concert" s'adresse avant tout à eux.