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TV On The Radio › Return to Cookie Mountain

  • 2006 • 4AD CAD 2607 CD • 1 CD

cd • 11 titres • 54:47 min

  • 1I Was A Lover4:21
  • 2Hours3:55
  • 3Province4:37
  • 4Playhouses5:11
  • 5Wolf Like Me4:40
  • 6A Method4:26
  • 7Let The Devil In4:27
  • 8Dirtywhirl4:16
  • 9Blues From Down Here5:17
  • 10Tonight6:53
  • 11Wash The Day8:09

informations

Produit par David Andrew Sitek Mixé par Chris Coady, Chris Moore et TV On The Radio Staygold Studios, Brooklyn, NYC.

line up

Tunde Adebimpe (voix, choeurs, percussions), David Sitek (Guitares, basses, claviers, samplers, synthétiseurs, flûte sur la 2), Kyp Malone (basses, guitares, voix), Gerard Smith (Guitares, basses, choeurs, piano, orgue, choeurs, sitar electrique sur la 11),Jadeel Bunton (Guitares, batterie, choeurs, choeurs, orgue, piano, rhodes), Katrina Ford (voix)

Musiciens additionnels : David Bowie (backing vocals sur la 3), Kazu Makino (backing vocals sur la 2), Omega Moon (backing vocals sur la 4), Shanina Robinson (backing vocals sur la 9) Martin Perna (saxophone sur la 5, cuivres sur la 9), Chris Taylor (clarinette sur la 10, cuivres sur la 9), Stuart Bogie (cuivres sur la 9), Jeremy Wilms (violoncelle sur la 2)

chronique

C’est sympa de se dire que quelque part dans le monde il y a des types qui pensent aux gens comme moi qui trouvent National Anthem de Radiohead dansant… Voici un album entier qui me rappelle ce morceau, quoique définitivement ancré dans des tempos lents et décousus, mais accompagné des mêmes dissonances, et de la même utilisation des cuivres comme d’un appel funèbre. Leur travail le plus sombre à ce jour. « Return to Cookie Mountain » catapulte nos sens dans un autre espace, là où la gravité se voit altérée, où nos pas semblent ceux d’un ivrogne ( « Playhouses », étourdissant et sombre.). L’album commence de la façon la plus dérangée possible, avec un « I Was A Lover » crépusculaire, dangereux, futuriste, dont les syncopes découpées par Sitek s’écrasent sur un sample évoquant le cri d’un éléphant, lui-même placé sur un tapis de guitares similaire à celui de « Teardrop » de qui-vous-savez. Le ton est donné, TVOTR se situe dans l’avant-garde, l’utilisation de sons nouveaux. Originellement trois personnes, ils sont devenus un collectif à géométrie variable (accueillant par exemple Katrina Ford de Celebration, un des multiples projets produits par Sitek), élargissant sa gamme sonore, étoffant le son, et surtout devenant encore plus sur de lui qu’avant. Pour preuve, les voici désormais distribués par la major Interscope aux USA. Qu’est-ce que ce « Retour à Cookie Mountain » - fruit de très très longues séances de studio - a donc de si spécial ? Et déjà, pourquoi un tel titre ? Cookie Mountain, pour beaucoup, c’est le 4eme monde de Mario World… Mais bon, avant de décortiquer le titre de leur dernier cd il faudrait déjà élucider leur nom. Autant passer tout de suite à la musique : alors à quoi a-t-on affaire, docteur guts ? A un gospel gothique mâtiné de krautrock, aux nappes de guitares toutes shoegaziennes, oscillants entre loops, drones, hoquetements de samples, et soul digitale compressée sous la lourdeur des synthés. Voilà. Me demandez pas de faire plus court, j’ai pas réussi. Un programme aussi absurde que cohérent, en somme. Etonnamment cohérent en effet, car si les premières écoutes s’avèrent difficiles et même pénibles, les suivantes révèlent une homogénéité parfaite, une régularité dans ces rythmes electronica jouées par un vrai batteur, et dans ces « oouuuuh » omniprésents en arrière-plan, évoquant une meute de loup garous. Un thème récurrent du disque, dévoilé dans le single « Wolf Like Me » qui renvoie Bloc Party à ses chères études. Et puis n’oublions pas la présence du Thin White Duke, autre vampire notoire. D’ailleurs, on n’est pas si loin que ça de sa trilogie berlinoise, pour les mélodies tarabiscotées qui n’expriment aucune émotion en particulier. C’est vrai, qu’exprime le chant de « A Method », si ce n’est une étrangeté confondante et une lugubre perplexité ? Ni joie, ni tristesse en tout cas. Le break de batterie vient achever de déshumaniser tout ça. Et des breaks comme celui-là, il y en a à la pelle sur Cookie Mountain… (on pense à celui de « I Was a lover », au piano). Tous inattendus, témoins d’un désir d’exploration que rien ne peut contenir, mais qui au final brouillent la perception globale qu’on peut avoir de tel ou tel morceau. C’est donc avec une classe noire et cuivrée que s’écoulent ces dix titres tout en retenue, gardant pour eux le sens des lyrics, opaques et difficiles à comprendre du premier coup, à cause d’une voix souvent doublée et trafiquée. On sait que « Province » (avec Bowie aux backing vocals donc, depuis Transformer il ne se lasse pas d’être dans l’ombre derrière tous les coup de poker) est là pour « accompagner le monde dans sa chute » dixit le chanteur du groupe, reflet de notre époque angoissée (« just like autumn leaves, we’re in for change »)… Sur « Hours » la joyeuse troupe de rats de studio se métamorphose en une parade funeste à la Arcade Fire - même intensité fébrile, même chœurs fantomatiques, même voix féminine aigue derrière (ici, Kazu Makino, la poupée sous helium de blonde redhead), le tout sur une rythmique de marche militaire… Sur « Dirty little whirlwind », les voilà en groupe vocal black des 60’s, provoquant force dandinements et moult claquements de doigts chez l’auditeur, sur fond de Fender Rhodes. La fin du disque s’alanguit sur 3 morceaux légèrement plus longs que les autres, un « Blues From Down Here » caverneux où résonnent des trompettes de mort, un « Tonight » magnifique et apaisé et enfin un « Wash the day away » plus exténué que jamais, qui en deviendrait même poussif à ce stade de l’écoute… Mais qu’on imaginerai bien transcendé par Björk (à quand une reprise, bibi phoque ?). Tout l’album jongle ainsi entre attraction et répulsion, entre sophistication extrème des arrangements et rugosité sonore, entre élaboration mélodique et dissonances douloureuses… L’équilibre étant toujours magiquement préservé, sauf sur « Let The Devil In », trop criard et incisif, le seul plantage de l’album. Pour le reste, on est suspendu aux plans machiavéliques de la bande à David Sitek, guettant un assaut sonore qui menace de percer à chaque seconde l’amoncellement de couches d’instruments, et qui n’y parvient jamais. Le groupe se plaît à empiler les states sonores, formant ainsi un genre de « wall of sound » mutant et marécageux qui n’appartient qu’à eux, comme un ciel éternellement orageux et noir qui refuserait de laisser tomber la pluie. Un des groupes les plus innovants et exigeants de ces dernières années, à ranger quelque part entre Funkadelic et Bauhaus, c'est-à-dire là où vous voulez, du moment que vous écoutez ce disque.

note       Publiée le dimanche 1 octobre 2006

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    saïmone Envoyez un message privé àsaïmone
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    J'ai tellement bloqué sur l'EP lors de ces années de plombs qu'il mérite qu'on le ressorte pour le savourer à sa juste valeur. Y'a peut être pas de Blind ici, mais les lampadaires restent défaillants

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    salida Envoyez un message privé àsalida

    La promesse n'a pas été totalement tenue. Mais ce 2ème album est à nouveau un chef-d'oeuvre, le groupe trouve le moyen d'allier l'originalité de la production de ce ep à un son beaucoup plus gros.

    Lapin Kulta Envoyez un message privé àLapin Kulta

    Vraiment étrange, et pourtant parfaitement vendable: c'est bien.

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    Painkiller Envoyez un message privé àPainkiller
    Chouette découverte.
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    SB Envoyez un message privé àSB
    Et ça l'est ! Très bon disque, vraiment !
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