Cheer Accident › Sever roots, tree dies

Lorsque Phil Bonnet, proche collaborateur de Jim O'Rourke, Will Oldham et Eleventh Dream Day, succomba en 1999 à une rupture d'anévrisme, il précipita dans le désarroi le groupe de Thymme Jones, Cheer-Accident, avec lequel des liens puissants avaient été créés par le biais de sa production. Tout commenca réellement pour eux en 1986, mais ce n'est que deux ans plus tard, avec la sortie de ce disque auto-produit et non réédité en cd, que le groupe gagna ses gallons sur la scène alternative. Phil Bonnet, qui était aux commandes, se vera approcher par un certain Steve Albini, avec lequel le groupe enregistrera le EP "Dumb Ask". En attendant, "Sever Roots, Tree Dies" est une pépite bien obscure et bien barrée que seul le rock alternatif américain pouvait produire en ces années de crise. A l'image de cette pochette énigmatique, l'auditeur est projeté dans une ambiance malsaine et trouble à la fois ; quelques notes d'un piano mélancolique sur fond de cris enfantins se déchirent soudain pour laisser place à un riff rageur qui nous renvoie au King Crimson de "Larks's Tongues in Aspic" ou au Present de "Triskaidékaphobie". Le chemin se poursuit avec cette alternance de contraste rude pour les nerfs, avec des pointes expérimentales (la fin destructurée et noise de "Death and Taxes") ou des passages plus enlevées qui feraient songer aux Cardiacs. "Sever Roots, Tree Dies" est un album plein, à la réussite insolente, que des changements incéssants de personnel ne permettront plus jamais d'atteindre.