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Tangerine Dream › Tangram

cd • 2 titres • 40:15 min

  • 1Tangram Set 119:47
  • 2Tangram Set 220:28

extraits vidéo

informations

Enregistré aux Studios Polygon, à Berlin au printemps de 1980.

line up

Christopher Franke (synthétiseur moog, keyboards, séquenceur et percussions), Edgar Froese (synthétiseur, keyboards, mellotron, guitare et basse), Johannes Schmoelling : Synthesizer, keyboards et piano

chronique

  • musique Électronique berlin school

Tangram est un jeu de réflexions qui pourrait être comparé à un casse-tête chinois. Mais en réalité c’est plus que cela! C’est le début d’une merveilleuse épopée musicale où la MÉ, telle que connue à cette époque, évoluait vers des horizons toujours aussi complexes mais avec une approche nettement plus mélodieuse. Pour le duo Franke/Froese c’est aussi la confirmation qu’ils sont autant habiles à manier les complexités des lourds passages atmosphériques, comme sur Force Majeure, que des mélodies évolutives et soutenues. Par-dessus tout c’est un large pan de créativité qui se ferme derrière le Rêve Mandarin et de ses approches psychédélicotroniques avec l’arrivée de Johannes Schmoelling, un musicien de formation classique qui insufflera à Franke et Froese une prose plus poétique et mélodieuse. Et finalement Tangram marque aussi l’ère Virgin. Sans doute la période la plus faste du Dream qui multipliait aussi les concerts légendaires. Pour plusieurs, dont moi, l’ère Schmoelling est la plus belle de Tangerine Dream.
Dès les premières notes, on sent que Tangram sera spécial. Un synthé siffle d’enchanteresses couches flutées dont les souffles épousent une mélodie qui virevolte et tournoie avec l’ivresse d’un léger mouvement séquentiel. Incantation pour lycanthropes, l’ouverture de Tangram baigne dans une envoûtante aura de mystère avec une l’addition d’une autre ligne de synthé qui entrecroise et supporte la première ainsi qu’une fine ligne de basse qui pulse délicatement, rencontrant au hasard d’éparses notes de claviers et de guitares. Cette délicate intro onirique est envoûtante et on oublie le crescendo latent qui s’élève alors que Tangram I éclate sur de somptueuses couches harmonieuses, une ligne séquentielle pulsatrice et des roulements de tambours qui accompagnent la flûte d’un fantassin oublié. Le rythme en ébullition, Tangram I est survolé de furieux solos de synthé et de guitare, moulant une structure aussi lourde et sauvage que sur Force Majeure avant de bifurquer vers un passage plus symphonique, et le silence…Un silence arrosée d’une pluie d’étoiles dessinée par un beau piano serein. Nous sommes seulement à la 8ième minute et le piano forge l’amorce d’une superbe mélodie qui naîtra d’une fusion synthé/piano sous l’œil d’une noble six-cordes acoustique. Cette douce intermission nous amène dans le tortueux univers métallique de TD, où des boules d’acier s’entrechoquent dans la perdition de leurs échos jusqu’à ce qu’un synthé vaporeux réaligne les sens et conduit le mouvement vers les lourdes méandres mélodieux de Tangram I. Ce puissant synthé lance des accords et des bribes de mélodies qui se subdivisent sur une furieuse ligne séquentielle, crachant le venin de ses harmonies tel un hibou possédé par un esprit synthétisé. La dernière partie de Tangram I fouette les sens avec ce grand galop séquentiel aux accords dédoublés et entrecroisés qui supporte un maelström de mélodies inassouvies. Des bribes de mélodies en constante permutation qui s’engloutissent et tourbillonnent en tout sens dans les griffes des rugissements de guitares, des lourds riffs de clavier, des puissantes pulsations résonnantes, des percussions métalliques et une séquence allant en décroissance, un peu à la Won’t Get Fooled Again des Who. En fait c’est comme un gros rock psychédélico-progressif mélodieux se terminant dans les douceurs synthétisées d’un superbe synthé solitaire qui nous chante une merveilleuse berceuse et qui s’ennui de sa douce folie.
Plus complexe et tortueux, Tangram II épouse à peu près les mêmes modulations mais avec une approche plus obscure et psychédélique qui ressemble un peu plus à Force Majeure. L’intro est basanée de couches de synthé qui s’entrelacent et se lovent dans une opaque inertie ocrée. Cette lente intro morphique, nourrie de fines oscillations, s’éveille avec de lourdes réverbérations apocalyptiques qui recouvrent un synthé fluté et de solitaires accords d’une guitare acoustique. Un puissant mouvement staccato s’ensuit. Il galope sur une séquence spasmodique et hachurée qui épouse la forme d’un train filant à vive allure à travers les plaines des mélodies égarées et des voix spectrales. Des passages atmosphériques déroutants, des roulements de tambour et une fusion de tonalités syncrétiques meublent les ambiances et rythmes diversifiés de Tangram II qui s’abreuve constamment de sonorités métalliques et syncrétiques tout en revêtant de suaves approches mélodieuses. Métalliques et limpides, les synthés bourdonnent avec pesanteur et harmonie. Lourdes et sauvages, les séquences déboulent à fond de train. Ces éléments, entremêlés aux explosions de guitares, aux percussions métalliques, aux effets sonores et aux voix d’outre-tombe font de Tangram II un labyrinthe sonore à la fois lourd et complexe mais tout de même assez mélodieux, qui ne cesse de se renouveler dans des boucles et sortilèges musicaux intemporels. Une 2ième partie audacieuse qui rappelle avant tout que Tangerine Dream restera toujours à l’affût des moindres éléments disparates pour marquer son territoire de démesures inconnues.
Tangram est un superbe album qui trempe dans une lourde ambiance sombre et dramatique, comme deux longs cauchemars psychotroniques où loups-garous et bêtes mythiques grugent nos fantasmes érodés par notre avidité de l’inconnu. C’est une brillante continuité de Force Majeure où les rythmes, ambiances et mélodies s’enchevêtrent dans une parfaite symbiose. Flanqué de Schmoelling, Franke et Froese modifient grandement le visage de la MÉ en y apportant des structures progressives, pesantes et puissantes qui allient les recherches musicales et l’exploration croissante des nouveaux équipements à des mélodies accrochantes. C’est le début du New Berlin School où mélodies et harmonies peuvent se greffer à des structures ambivalentes sans en altérer les méandres psychédélicosmiques, métalliques et explosifs.

Chef-d'oeuvre
      
Publiée le samedi 2 septembre 2006

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Note moyenne        14 votes

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claudeorange Envoyez un message privé àclaudeorange

Cet album fait partie des classiques d'après la période Virgin . Pour moi les meilleurs albums se situent de Rubycon à Underwater sunlight . Ricochet et Strastosfear restent les 2 cultes pour moi .

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Aladdin_Sane Envoyez un message privé àAladdin_Sane

Je replonge dans la discographie de TD et cet album est toujours autant merveilleux à mes yeux. Une expérience qui se prolonge avec le fabuleux Pergamon qui date de la même époque mais sorti plus tard.

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strokkur Envoyez un message privé àstrokkur

Ecouté en entier, et bien c'est pas du tout mon truc : où est le TD de Zeit ou d'Atem ? Ici, on a des collages de sons ou des bouts de mélodie, la cohérence d'ensemble est faible. Sans compter les moments où ça ressemble à du JM Jarre ou même du Supertramp !

Demonaz Vikernes Envoyez un message privé àDemonaz Vikernes

Décidément, cette période intermédiaire entre l'ère Baumann et l'ère Schmoelling (même si ce dernier est présent sur cet album, j'y trouve quand même plus de choses en commun avec les 2 qui précèdent) est absolument merveilleuse. Avec Tangram, Tangerine Dream livre son troisième chef d'œuvre d'affilé (on pourrait même rajouter Quichotte qui sera édité un peu plus tard), vraiment impressionnant.

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GrahamBondSwing Envoyez un message privé àGrahamBondSwing
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L'un des 6 albums de TD que j'ai pratiqués et ce n'est pas mon préféré. Une nette préférence pour la deuxième face qui contient des moments bien barrés et une fin superbe.

Message édité le 09-07-2022 à 20:43 par GrahamBondSwing

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