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Farmsum Delftzilj, Pays-Bas, 1988.
Charlemagne Palestine (orgue).
Un extrait de cette pièce peut être écouté sur le site officiel du compositeur.
Un ressenti organique du son, une transformation de l'espace-temps de l'auditeur, une perception hallucinatoire de la tonalité, une recherche du "son d'or", une expérience contemplative et mystique... voilà ce que propose Charlemagne Palestine. Ses recherches seront d'ailleurs menées en parallèle avec d'autres formes d'art, car les préoccupations du compositeur américain dépassent largement le medium musical. Cette pièce aurait pu porter le même nom qu'un chef-d'oeuvre de jeunesse pour orgue d'Olivier Messiaen : "Apparition de l'Église éternelle", au lieu de cela, elle s'intitule "Schlingen-Blängen". Un seul instrument : l'orgue. Un seul accord joué. Un même continuum sonore qui s'étale dans l'espace durant plus de 70 minutes. D'abord une note, puis deux, puis plusieurs : un énorme cluster qui va en s'élargissant, qui vous happe, vous envahit, vous transperce... Si Charlemagne Palestine (quel nom, bon sang...) a en commun avec ses collègues "minimalistes" (étiquette détestée ; on l'utilise faute de mieux) "répétitifs" (Riley, Glass, Reich...) l'intérêt pour les musiques non-occidentales et l'exécution d'une sorte de transe, aucun autre ne verse à ce point dans le spirituel, le sacré. Car cet orgue, au profit duquel le compositeur délaisse temporairement pianos ou synthétiseurs, n'a rien à voir avec le petit clavier électrique des oeuvres de jeunesse d'un Philip Glass, par exemple. C'est un instrument d'église, qui recrée ce fameux "bourdon" céleste ("drone"), qui s'incruste dans la mémoire tel une perception quasi-inconsciente. "Schlingen-Blängen" est donc une quête de l'extase mystique. L'espace se remplit au fur et à mesure. Étriqué au commencement, il apparaît bientôt immense : une mer, scintillante de mille éclats solaires (dont la plupart semblent nous échapper), qui échoue dans nos oreilles par vagues successives. Écoutez ce disque sans rien faire d'autre, la tête entre les enceintes. Il n'y aura pas de demi-mesure. Soit vous n'y tiendrez pas cinq minutes ; soit vous partagerez mon enthousiasme, au sens étymologique de ce terme...
note Publiée le mercredi 26 juillet 2006
Note moyenne 11 votes
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J'm'en vais t'apprendre la patience moi, et tu vas découvrir la beauté. (m'enfin les moments où les hallucinations auditives apparaissent, ça devient un peu déconcertant)
From Etudes to Cataclysms ... l'obsession strumming music, près de 40 ans après
Faut se procurer Strumming Music ! Excellent !
Sans vouloir faire mon rabat joie, quid de four manifestations on six elements, qui date de 1974 ( a la louche ), où les drones de ce cher monsieur (charlemagne palestine gné?) prennent vie à travers sons électroniques et pianos pour un résultat transcendant. Alan licht le cite d'ailleurs parmi ses 10 cd préférés en musique minimaliste (oui c'est un argument fourbe mais bon).
C'est un peu sur ce trip que se basent beaucoup d'artistes d'ambient minimaliste : comment en écoutant une note continue (ou nappe, ou oscillation ou mélodie très courte répétée sans cesse) on finit par déceler des mélodies qui n'existent pas (ou bien si ? on se demande finalement si l'artiste a vraiment fait varier quelque chose à tel endroit ou si c'est juste notre imagination) et c'est un peu ça le jeu du coup : "ah il a fait quelque chose là ou j'ai juste rêvé ? ou c'est juste que je me suis concentré sur un autre ton ?". Pour moi c'est ça, plus un jeu qu'autre chose, le souci c'est que quand tu trouves des tonnes d'artistes qui utilisent ce procédé (certains n'utilisant que ça) ça gonfle un peu... Mais certains s'en sortent bien, et ici Charlemagne Palestine c'est pas aussi minimaliste que ce qu'ont pu sortir certains artistes ambient, je trouve ça même très riche et très travaillé. Niveau truc ultime, un mec comme Moljebka Pvlse peut parfois faire bien pire, avec 10 fois moins d'éléments que sur cette album, tantôt en version ambient (nappes) tantôt en version noise (larsen ou bruit blanc, et là bonjour pour s'envoyer l'album en entier...). Un truc comme Klaus Wiese - Touch Of Silence - Tibetan Singing Bowls, ça te plairait sans doute Trimalcion (attention si le bonhomme a sorti des chefs d'oeuvre comme Mystic Landscapes il a aussi sorti pas mal de daubes).