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Klaus Schulze › Angst

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Demonaz Vikernes      mercredi 5 janvier 2022 - 15:11
Dead26      lundi 27 avril 2020 - 11:48
Parabole      vendredi 8 mai 2009 - 21:15
jolifuligule      lundi 19 mars 2007 - 16:12
SEN      samedi 16 avril 2022 - 10:18
Wotzenknecht      dimanche 6 juin 2010 - 23:28
grinningFace      mardi 7 juillet 2009 - 23:14
snooky      dimanche 3 mai 2009 - 19:27
ForceMajeure      mercredi 30 août 2006 - 15:39
systema      samedi 26 août 2006 - 19:22

6 titres - 72:06 min

  • Freeze| 6:36
  • Pain| 9:36
  • Memory| 4:50
  • Surrender| 8:41
  • Beyond| 10:16
  • Silent Survivor (Bonus Track)| 31:40

informations

line up

Klaus Schulze (claviers, synthétiseurs et percussions)

chronique

“Angst” est le 17ième album solo de Klaus Schulze et c'est aussi la trame sonore d'un film australien écrit et dirigé par Gerald Kargl qui relate la vie du psychopathe et tueur en série Werner Kniesek. Et “Angst” est un album aussi percutant que le film, dont le cinéaste a brodé autour de sa musique, et le 14ième album de Schulze à être réédité dans un format de luxe par le label Revisited Records. Une nécessité? Je crois que oui, car “Angst” demeure une œuvre toujours méconnue du répertoire de Klaus Schulze. C'est un album intense. Et même si les rythmes sont de plomb, les ambiances sont à la fois oniriques et intrigantes, amplifiant un étrange inconfort qui augmente à mesure que la musique infiltre nos deux hémisphères.
"Freeze" entre dans nos oreilles avec une subjugante douceur numérique. C'est une superbe mélodie onirique qui a accompagnée un paquet de mes dodos difficiles et qui est soufflée dans du verre que l'on percute doucement de baguettes magiques. Il y a des odeurs d'Audentity, de même que des réminiscences de Mike Oldfield et son Incantations, qui y flottent avec ces délicats arpèges de verre que le Fairlight II sculpte et fait tinter dans des souffles séraphiques. C'est la ballade du glockenspiel avec un Schulze hallucinant de tendresse jouant du xylophone virtuel, comme un pianiste charmant son piano avec une désillusion ancrée de désespoir, sur cette étrange harmonie symphonique qui scintille avec une étonnante froideur lyrique. Une superbe mélodie électronique qui a sans doute inspirée Robert Schroeder dans Brain Voyager. L'une des belles que j'ai entendues. "Pain" découpe l'ambiance de sollicitude avec un rythme lourd et lent qui fait contraste avec son lit de séquences nerveuses. Le rythme est pulsatoire avec une bonne ligne de basse qui bat une mesure symétrique, même lorsque les ambiances deviennent d'angoisse avec des strates de violons hachurés, et de plomb avec des lamentations spectrales hurlant dans une finale qui embrasse les souvenirs de Dziekuje Poland. Un titre qui tangue entre le rock et le funk électronique où règne une forme de psychose avec ce déchirement entre la violence et les harmonies que Schulze dépeint habilement sur un fond de tension qui rend justice au téléfilm Australien. "Memory" est un titre qui navigue sur les harmonies de "Freeze" avec une courte structure qui utilise ses accords comme une flûte de Pan frivole tout en se chamaillant avec un synthé et ses accords plus conventionnels."Surrender" bouscule l'ambiance jusqu'alors assez tempérée de “Angst”. Le rythme est fluide et bien cadencé avec un solide jeu de percussions dont les frappes et cliquetis métalliques résonnent et se répondent dans un écho tactique tout en pilonnant un tempo hypnotique qu'un doux synthé recouvre d'une timide mélodie brumeuse. Le rythme est minimaliste à l'extrême et la mélodie apporte de fines nuances sur un rythme labouré dans du plomb. Je dirais que l'on y sent des réplicas de Transfer Station Blue. "Beyond" est un très bon titre qui est passé inaperçu dans l'œuvre de Schulze. C'est un habile mélange de funk et de groove qui se déhanche curieusement dans une enveloppe musicale forgée dans les sonorités cosmiques de l'époque pré-X. Mouvement ambivalent plein de retenues et de contradictions qui est prisonnier de sa structure statique, "Beyond" répond distraitement à ses percussions de genre Tablas dont les frappes évasives peinent à concorder un tempo soutenu alors que le titre tente une échappée vers une approche plus groove que funk, vers la 5ième minute, pour être happé par l'inconfort d'une étrange fanfare industrielle.
"Silent Survivor" est la pierre angulaire de nouveau “Angst”.Et c'est de loin le plus beau titre offert par Schulze sur cette série de nouvelles rééditions. Un synthé aux ondes lourdes et maculées de poussières cristallines flotte dans une noirceur absolue que des chœurs chtoniens caressent des leurs voix obscures. Malgré l'inertie d'une impulsion soporifique, le mouvement respire de ces couches irisées qui s'entortillent autour des premières pulsations linéaires. Tranquillement, une douce musicalité sort de l'improbable avec des ondes astrales qui chuchotent sur les entailles des pulsations. Et "Silent Survivor" de croître insidieusement. C'est doux et attirant. Les premières touches qui se mettent à danser semblent inoffensives. Soudain cette série de clés s'anime dans des vents contraires et forme une approche rythmique qui semble décousue, comme une samba hésitante dont le pas nerveux est prisonnier des intenses brumes de Mellotron. Et le rythme explose de ces clés rotatives qui virevoltent avec fureur dans ce lit de brume, entraînant "Silent Survivor" dans un tourbillon de séquences infernales qui ondulent et oscillent furieusement pour s'arrimer à une ligne de basse, jetant ainsi le canevas d'un rythme circulaire qu'un synthé accueille de sa voix embrumée. Les minutes qui suivent sont aussi intenses que musicales avec un rythme qui s'embrouille, délaissant sa structure mélodique pour frayer avec des séquences isolées et des coups de mâchoires symphoniques qui amplifient l'incohérence d'un cerveau confus (faut pas oublier que c’est une musique de film). Entre son approche rythmique soutenue, fragmentée et incohérente, "Silent Survivor" traverse une foule d'étapes qui sont en concordance avec le niveau d'égarement d'un psychopathe cruel. Klaus Schulze nous martèle les tympans et triture nos oreilles avec son sens du beat désordonné et ses solos de synthé qui survolent une structure confuse. C'est du Schulze de grand cru mais je doute qu'il s'agisse d'une pièce musicale issue des bandes inachevées ou perdues de “Angst”, quoique par moment nous sentons un souffle des titres joués lors de la tournée Polonaise de 83.
Je n'ai jamais compris le silence qui entoure “Angst”. On en parle peu, pareil comme si c'était une erreur de parcours dans la carrière de Schulze pourtant l'œuvre est percutante avec ses rythmes, et surtout ses ambiances, qui nous plongent dans une paranoïa musicale que seul Schulze peut signer. C'est comme un énorme micmac de rythmes et ambiances où les séquences et les incursions orchestrales sont dans la continuité d'Audentity. Et étonnement, c'est un album plus mélodieux qui est un excellent moyen d'initier ceux qui ont toujours eu peur des longues explorations décousues du Maître de la MÉ Teutonique. Et, comme toujours, cette réédition est splendidement bien présenté avec un très beau, et instructif, livret sur la période de “Angst” ainsi qu'un titre en prime dont l'oubli serait un crime en soit.

note       Publiée le jeudi 22 juin 2006

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    SEN Envoyez un message privé àSEN  SEN est en ligne !

    La musique de KS marche bien dans le film, sur disque je trouve l'écoute moins prenante et moins évidente !

    Note donnée au disque :       
    Demonaz Vikernes Envoyez un message privé àDemonaz Vikernes

    En mettant de côté l'excellent Babel (d'ailleurs absent ici) qui est de toute façon à part dans la disco de Schulze, cet Angst est probablement mon disque favori de la période Dig It - EnTrance. Les premières pistes surtout sont de vrai réussites.

    Note donnée au disque :       
    mangetout Envoyez un message privé àmangetout

    A noter que le morceau "Freeze" fait aussi partie de la bande originale du film (excellent d'ailleurs) "Manhunter/Le sixième sens", soit l'adaptation cinématographique de "Dragon rouge" de Thomas Harris (ouais "Le silence des agneaux") par Michael Mann en 1986. Le titre de KS ne figure pas sur le disque sorti de l'OST, est aussi absent le très bon "Seiun" de Kitaro tiré de son album "Millennia" sorti en 1982, lui aussi une bande originale (d'un anime je crois).

    cyberghost Envoyez un message privé àcyberghost

    J'viens de voir le film - excellent par ailleurs - et la BO m'a bien botté ! Va falloir que j'approfondisse la chose...

    Wotzenknecht Envoyez un message privé àWotzenknecht
    avatar

    "concernant la B.O. c'est du Schulze, donc forcemment ça n'a rien de nerveux" Le pauvre Aiwass n'a donc manifestement pas écouté Body Love ; si Raven passe par là, qu'il se charge de lui transmettre, merci

    Note donnée au disque :