Plan E › Bassanova

Nullement découragé par l'accueil des plus mitigés réservé à "Best Kept Secret" de la part de tous ceux qui attendaient autre chose de l'ancien bassiste de Impaled Nazarene, Jani Lehtosaari remet tout de même les couverts avec un explicite "Bassanova", à mille lieues des clichés métal extrême, pour peut-être tomber dans d'autres pas spécialement plus relevés. Il reconduit donc sa formule audacieuse de groupe sans guitare dont le seul moteur semble être le plaisir, rendez-vous compte... La musique ne devrait-elle pas être faite que de souffrance ? C'est peut-être ce qui dérange, c'est peut-être ce qui contrarie autant les personnes à qui le groupe devrait s'adresser au premier abord. Pourtant, il faut se faire une raison ; si Lehtosaari s'est extrait de cette carcasse métallique, ce n'est pas pour reproduire la même chose, à moins d'être en parfaite contradiction avec soi-même. Non, Plan E dont les premiers EP remontent pourtant déjà à 1996 nous propose une musique originale au moins dans le fond à défaut de forme. Officiellement à quatre bassistes, six si on compte les deux invités qui viennent se joindre à la fête sur ce nouvel exercice, Plan E ne fait pourtant pas preuve de lourdeur, en tout cas pas dans le sens dans lequel on aimerait l'entendre. Parce que chanté sur un ton monocorde, désinvolte et parfois caverneux à la Andrew Eldritch (Sisters of Mercy), parce qu'enrichi aussi d'interventions diverses aux claviers ou aux instruments à vent qui ont tendance à donner à l'ensemble une couleur quelque peu retro, Plan E ne peut-être comparé ni au duo de bassistes de Ui, et encore moins au laboratoire Gordian Knot de Sean Malone. Jani Lehtosaari donne plutôt l'impression de s'être simplement mis en tête l'idée de composer des chansons, des morceaux rock tout ce qu'il y a de plus consensuel tout en prouvant qu'il y avait moyen d'arriver à ses fins sans pour autant suivre les voies toutes tracées d'un combo dit classique. Pari gagné, mais si le célèbre bassiste s'amuse beaucoup, on ne peut que déplorer le manque d'inventivité et d'audace qui précipitent sans délai ce "Bassanova" dans l'oubli ou l'ennui, fussent-ils jolis.