Jesu › Silver

Jamais à court d'idée le père Broadrick ! Un nouveau mini de Jesu, pour préparer le second album en cours d'enregistrement et dont la couleur semble être celle d'un gris tendant vers le lumineux, mais hésitant, tel l'arbre de la pochette confiné dans un nuage de brume à peine pénétrable. Jesu abandonne petit à petit le son lourd et crasseux qui rassurait les fans de Godflesh éventuellement inquiétés par l'évolution de l'anglais. Et ceux-ci devront se faire une raison car plus le temps passe et plus l'ombre de Godflesh se dissipe, ne laissant que quelques traces dès le titre éponyme (le chant éthéré et mélodieux de Justin, la dynamique guitare/basse typique de ses compositions) dans un renouveau entre rock mélancolique assimilable au courant shoegazing et à son groupe le plus emblématique, My Bloody Valentine, ce que 'Dead eyes' confirme largement avec son côté progressif et limite cold-wave. Un titre comme 'Star' risque d'en surprendre plus d'un tant ses accords enlevés le rapproche d'un rock pop et entraînant, tandis que le lent 'Wolves' se place dans la continuité de l'album précédent tout en démontrant clairement la nouvelle orientation de Broadrick. Un ep qui montre que l'anglais sait ne pas se répéter et qu'il obéit avant tout à ses envies et révèle sa détermination de ne pas se laisser hanter par les ombres du passé.