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Yes › Drama
informations
Town House, Londres, Angleterre, 1980
Il s'agit du pressage cartonné japonais à tirage limité
line up
Trevor Horn (chant), Steve Howe (guitare), Chris Squire (basse, chant), Alan White (batterie), Geoff Downes (claviers)
chronique
Les mauvaises langues ont vite fait de dire de "Drama" qu'il était bien nommé... Le seul véritable drame, la seule chose qui soit effectivement à déplorer, c'est le départ de Jon Anderson. Yes, sans sa voix, ce n'est plus vraiment ça. Certes, l'inspiration du bonhomme s'est considérablement essoufflée, et même s'il s'entête à vouloir chanter des histoires mystico-utopistes qui ne cadrent décidément plus avec son époque, son timbre, lui, reste irremplaçable. Son absence remarquée démontre ici qu'il est bien plus qu'un simple chanteur ; il est avant tout une des données fondamentales qui permet à la vraie magie Yes de s'élever. En lieu et place, et pour combler l'espace laissé aussi par un Rick Wakeman signant là son second départ (mais loin d'être son dernier), on croit bon de faire appel au tandem Trevor Horn (basse, chant) et Geoff Downes (claviers), membres des Buggles et auteurs du tube interplanétaire "Video Killed the Radio Star" qui a de quoi raviver les souvenirs des plus âgés d'entre nous... En dépit des railleries qu'un tel recrutement peut susciter, il serait malhonnête de ne pas admettre que "Drama" renoue avec la meilleure veine progressive du groupe. Sur "Drama", Trevor Horn offre à Chris Squire ses plus belles lignes de basse depuis des lustres ("Does It Really Happen ?", "Tempus Fugit"), et Yes sonne à la fois compact et percutant. Jamais Yes n'aura été aussi rock dans sa démarche ("Machine Messiah"), et l'atmosphère qui s'en dégage est presque noire, vite contrebalancée par des mélodies chantantes qui finalement ne souffrent pas autant qu'on le craignait du départ de l'ange blond. Faut dire que Squire veille au grain et ses choeurs aident pour beaucoup à perpetuer une certaine forme de tradition lyrique. Si le groupe renoue ainsi avec sa véritable identité musicale, seule l'absence de Jon Anderson au chant reste un handicap majeur auprès des puristes qui voient en son éviction un crime de lèse-majesté. Un procès d'intention peu mérité.
chronique
Le voici donc cet album de Yeggles ! Fruit d'une rencontre à priori étrange mais finalement très cohérente, l'album "Drama" est le dernier de la première vie de Yes. En un sens, il confirme ce que "Tormato" avait laissé supposer, à savoir que, comme beaucoup d'autre chose, le manque d'humour de Yes est le fait d'Anderson. Après un album limite "poilade" où il a "laissé faire" ses camarades, il est tout simplement parti. Wakeman itou. Et malgré son titre, "Drama" est un des albums les plus souriants du groupe. La touche de second degré que les deux nouveaux ont déjà montré avec les buggles rajoute une couleur bienvenue aux mélodies encore très inspirées des anglais. C'est plus rock, plus poppy aussi (il y a tout de même les buggles !), la guitare est parfois très lourde ("Machine messiah"), mais malgré, et parfois grâce à tout cela, ça reste du voyage. Très grands fans de Yes, les deux anciens buggles sont là pour faire du Yes, et "Drama" sonne de fait bien plus prog que son prédécesseur incongru, malgré le minutage plutôt court de la plupart des titres. Derrière ses claviers, moins technique que Wakeman, le tout jeune Geoffrey Downes se montre à la hauteur tant l'intelligence et la richesse de ses sons, de ses accompagnements, marque la musique d'une empreinte incontestable. Il est très 80's comparé au vieux Rick, et ça colle vraiment bien. Squire est au paradis, il joue à la fois carré et rapide, rock, mélodique. un squire-white sans Anderson, efficace et pesant. En soi, Trevor Horn n'est pas plus imposteur qu'un autre. Il est tout sauf virtuose, et sa texture de voix n'a rien d'extraordinaire. mais il est talentueux, sautillant, ironique, et s'il n'était pas là dans le groupe d'Anderson, il serait à sa place. Mais, et en fait heureusement, il n'y a pas que la voix d'Anderson qui n'est pas là. Il y aussi ses incroyables lignes de chants, son lyrisme incomparable. et si Trevor Horn rencontre l'enfer sur scène en reprenant du Anderson, il est ici en accord complet avec la musique qui est jouée, plus ironique, encore une fois, moins littéraire. En outre, Squire est toujours là pour pousser de la corde vocale, et c'est déjà pas mal. "Machine Messiah" est une bombe, sombre puis léger puis mélancolique puis gai, en toute sérénité. "Tempus fugit" est une petite perle de pêche et de sons. Sans être un des grands chefs d'ouvre du groupe, cet album en est un bon. Il a en outre le mérite d'avoir une identité à part dans la discographie. Une pièce digne, sans aucun doute d'un 4/6 objectif. Une affection particulière pour son atmosphère unique, à l'instar de "Run through the light", me pousse d'un point.
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- nicola › Envoyez un message privé ànicola
Avec les fonds de tiroir qui vont bien.
- Ramon › Envoyez un message privé àRamon
Video killed the Radio Star soit, mais Yes ne passe pas (encore) à la radio. Franchement, Into the Lens, Tempus Fugit, Machine Messiah...que des tubes!
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- Thierry Marie › Envoyez un message privé àThierry Marie
Un avatar qui sonne comme un épigone...
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- Jean Rhume › Envoyez un message privé àJean Rhume
Content de lire des chros et des commentaires positifs sur cet album souvent méprisé. Au delà de toute notion de bon ou de mauvais goût (les claviers atroces mais finalement adéquats), ce disque envoie le poney de promenade sur les hauteurs de Chambéry.
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- Raven › Envoyez un message privé àRaven
tiens celui-ci je crois que c'est mon préféré avec Relayer, tour à tour Floyd, Supertramp, Toto, Police (le chant de Horn m'évoque souvent Sting)... une belle farandole d'élégance et de kitsch savamment tissés en maillage fin (sinon - flemme de vérifier plus bas si ça a déjà été dit - j'ai récemment appris que l'interlude White car était une chanson implicite et assez moqueuse sur Gary Numan, qui trainait à l'époque en ville avec la Corvette payée par Beggars Banquet)
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