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Kayo Dot › Dowsing Anemone With Copper Tongue

cd • 5 titres • 60:16 min

  • 1Gemini Becoming the Tripod10:43
  • 2Immortelle and Paper Caravelle9:42
  • 3Aura on an Asylum Wall7:44
  • 4_ on Limpid Form18:00
  • 5Amaranth the Peddler14:07

informations

USA, août 2005

line up

Toby Driver (guitare, violoncelle, contrebasse, claviers, clochettes), Greg Massi (guitare, chant), Mia Matsumiya (violon, viola), Ryan McGuire (basse, contrebasse, clavier), Forbes Graham (trompette, guitare, euphonium), D. Thomas Murray (samples), John Carchia (guitare), Tom Malone (batterie)

chronique

  • beyond post rock sombre et expérimental

Ce qu'il y a d'énervant avec les amateurs de musique progressive, c'est qu'ils finissent par en voir partout. Juste pour se rassurer que leur courant fétiche n'est pas mort. Un peu à l'instar des infâmes Mars Volta, Kayo Dot est sans aucun doute, lui aussi, sur le point de voir sa musique se faire récupérer par une horde de frustrés en manque de sensations fortes. Ce qui attire ces gens-là, en réalité, c'est l'excès. La musique de Omar Rodriguez et ses potes est excessive. Celle de Kayo Dot aussi. Mais si l'un privilégie la démesure dans une attitude que l'on pourrait qualifier d'extravertie, la formation de Toby Driver nous remue de la même manière, si pas plus, tout en livrant bataille en dedans. "Dowsing Anemone with Copper Tongue" est un disque tumultueux et difficile, un véritable objet musical non identifié dans le paysage indépendant actuel, et les sentiments contradictoires qu'il engendre sont pour beaucoup dans la fascination qu'exerce sur nous cette musique pour le moins indéfinissable. L'adjectif qui me paraît le plus approprié pour tenter de définir ce qui se trame pendant cette heure au parfum surréaliste est : climatique. Voilà en effet un album qui véhicule des sensations peu communes, propre à faire réagir votre épiderme comme si un vent glacé vous effleurait. Seulement, il y a ici quelque chose d'irrémédiablement étrange. Quelque chose de curieux, qui échappe à toute logique. Une moiteur torride qui se partagerait le ciel avec des chutes de neiges très abondantes. Culture du paradoxe où la température hivernale qui règne alentours ne semble pas affecter le moins du monde la chaleur que l'on ressent pourtant. Un balancement perpétuel entre des courants contraires, débouchant sur une sorte d'érotisation du morbide. On frissone à l'écoute de ces plages parfois kilométriques où l'héritage apocalyptique de Neurosis se fait clairement entendre. À cela, Kayo Dot ajoute cuivres et instruments à cordes, sublimant le discours post rock de Set Fire to Flames et Do Make Say Think, pour ériger une musique freeform jusque là inédite. Paru chez Tzadik en 2003, "Choirs of The Eye" était un premier album impressionnant. D'une rare densité et pertinent de bout en bout, "Dowsing Anemone with Copper Tongue" confirme tout le talent visionnaire de Toby Driver, repoussant les frontières de l'impossible sur un disque plus visqueux que réellement insaisissable, balayant d'un revers de la main toute cette cohorte de groupes dont les effets de surenchère inutile et cette culture nauséabonde du tape-à-l'oeil sont en réalité leur seul vrai moteur.

note       Publiée le lundi 3 avril 2006

chronique

Kayo Dot (et a fortiori Toby Driver) est un paquet cadeau musical: il enrobe les jours tristes de Noël, sans qu'on sache vraiment ce qui se cache sous le carton. "Downsing Anemone With Copper Tongue" est à ce titre une vraie fausse surprise... Le changement dans la continuité. L'oxygène de ce monde onirique reste le même, mais les paysages arc-en-cielliste pleins de couleurs et de déformations déliriumesque laissent placent à des nuages gris, uni, quasi monochromique. Moins accessible que "Choirs Of The Eye", moins délirant, moins metal, moins Jeff Buckley, plus jazzy, plus sombre, plus labyrinthique, mais aussi plus contemporain dans son acception presque arrogante du terme, tant les dissonances, les structures alambiquées et les schémas répétitifs évoquent la musique atonale et minimaliste si chère à notre Trimalcion national, le dernier Kayo Dot n'en demeure pas moins une fabuleuse pépite sculptée comme une orchidée sauvage. La voix polymorphe de Toby se mêle à un violon omniprésent, qui n'hésite pas à embrasser un piano fortement reverbé, qui se trouve embarqué dans un complot de cuivre envers cette guitare cristalline et convulsive. La batterie, plutôt discrète, accompagne de loin la troupe, observe sans frayer de chemins, excepté dans ces moments guerriers où il faut tout défoncer à coup de barre de fer et de basse distordue…
"Downsing Anemone…" est un album sans réelle surprise, qui s'en révèle néanmoins fascinant et qui se savoure avec patience. Il prend ainsi l'allure d'un "Eurêka" (Aoyama) musical : un noir et blanc léché et mélancoliquement jauni comme une vieille photo ; une narration errante linéaire mais inattendue, lente, lente, mais pourtant passionnante; un sentiment de perdition, à chercher du sens, d'avoir été volé, enrobé par les relents de mort qui rôde… (qu'est-ce qui faut pas faire pour vous inciter à voir ce film !). Un disque lyrique. Inattendu. Magique.

note       Publiée le dimanche 23 avril 2006

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Cera Envoyez un message privé àCera

Leur 2 1ers touchent au sublime et ne prennent pas une ride.

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saïmone Envoyez un message privé àsaïmone
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Du DsO, c'est pas déconnant, même si finalement ce ne sont que des accords augmenté (ou diminué, selon où on se place), l'un joué lentement, l'autre à toute vitesse !

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Procrastin Envoyez un message privé àProcrastin

En forçant beaucoup le trait pourquoi pas, le coté transcendé/extatique/onirique peut-être? Voilà une bonne idée que de le ressortir en tout cas, ça faisait bien longtemps!

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Wotzenknecht Envoyez un message privé àWotzenknecht
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C'est bien le doomjazz, en fait !

Sinon j'entends du DsO là dedans, est-ce normal ?

saïmone Envoyez un message privé àsaïmone
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Je l'avais pas ressorti depuis un bail, j'en avais le souvenir pénible et long, bavard et avare. Sauf qu'il tourne deux à trois par jours depuis au moins trois semaines, et que j'avais rien capté à ces progressions totalement fumées là, entre le début trompette et le final fou de "Aura...", comme ces larsens free machin noiseux assez terrible finalement, pris dans le contexte entier de l'album (il est bizarrement difficile d'écouter les chansons isolées les unes des autres, comme s'il manquait quelque chose...). 6 boules correctives, donc.

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