Turing Machine › A new machine for living

Bon sang, y a quand même moyen de faire du bruit rien qu'à trois... Et pas qu'un peu. Un bruit massif, puissant, où l'indéfini serait défini à l'infini (dans le faux débat de savoir si je suis pompeux ou pas, j'essaye de prendre quelques longueurs d'avance). Notre trio de Brooklyn propose une musique exclusivement instrumentale bien dans la veine des formations math rock telles que A Minor Forest, The Hosemobile ou les indispensables Don Caballero. Mais on est loin d'avoir tout dit en vous mettant en appétit avec ces quelques noms. Bien au contraire, ce serait presque même vous induire en erreur ! Le batteur n'est pas ultra technique mais n'a absolument rien à envier aux autres tant ça groove et ça pêche le plus naturellement du monde. Le bassiste, lui, aime à répeter inlassablement les mêmes notes, histoire que ça pénètre bien dans nos petites cervelles maléables. Et puis, comme souvent, le guitariste s'amuse à projeter sur la toile toutes les gammes de couleurs qu'il a en sa possession ; des plans hypnotiques générés par une séquence de deux à trois, voire quatre notes, grand max, à des riffs méchamment appuyés avec une nonchalance presque jouissive, le tout épicé d'effets tonitruants ayant un sérieux penchant pour la delay. Parce qu'il y a un côté foncièrement psychédélique dans la musique des Turing Machine. Pas dans le sens stoner à la Earthless (reportez-vous à la chronique de "Sonic Prayer"), mais plutôt du côté des anciens, This Heat et Neu! plus particulièrement ("(Got My) Rock Pants On"). La mise en abîme de systèmes métriques héritées des grandes musiques électroniques de l'âge d'or, joués avec candeur aux instruments. Une musique de vieux hippies en somme repris à bras le corps par des plus jeunes. Une musique ciblée jeune mais qui pourra satisfaire tout le monde, du moment qu'on s'avère être sensible à l'énergie déployée, aux nuances, aux tensions permanentes qui se lient et se délient et aux envolées faussement incontrôlées.