Mastodon › Leviathan

Voici donc la nouvelle poule aux oeufs d'or du label Relapse, Mastodon, un groupe dont la réputation, soyons honnêtes, a plus qu'un peu gonflé les qualités propres de sa musique en un phénomène de mode dont, par essence, je me méfie. Par le passé, certains groupes de triste mémoire ont fait les frais de ma plume acerbe, aussi est-ce avec une joie non feinte que je viens me faire les crocs sur cet imposant "Leviathan". Non pas que je veuille me faire sa peau, là, comme ça, gratuitement, sur la place publique. Et d'abord cet album ne mérite pas une telle vindicte ! Non, c'est juste le soucis - que certains lecteurs ne comprennent manifestement pas - de vouloir remettre les choses à leur place en essayant de ne pas succomber à l'effervescence qui, par émulation, entoure ce genre de production. Si le contexte reste indubitablement métal, et métal extrême même, force est d'admettre que le quintet d'Atlanta sait y faire en insufflant à ses compositions des plans bien agréables que l'on a pourtant déjà entendu au vol chez Neurosis, The Dillinger Escape Plan ("Megalodon") et consorts, autrefois dans la même écurie. Oui, l'album décoiffe pas mal quand même ; l'enchaînement de ses trois premiers titres fonctionne vraiment à merveille, alternant les approches et exposant ainsi les meilleures facettes de Mastodon. Après ? Et bien après, Mastodon garde le cap sans parvenir à réellement captiver. Et aussi impressionnant puisse-t-il être sur papier, "Hearts Alive" et ses longues et laborieuses treize minutes ne font que renforcer cette impression. "Leviathan" est un album correct, de bon à très bon, mais certainement pas le chef-d'oeuvre qu'on voudrait nous vendre. Voilà, c'est ça que je voulais vous dire ! Pas une déception majeure, mais bien en deça tout de même des espérances suscitées par le bouche à oreille et les campagnes promotionnelles. "Remission" était à mon sens bien meilleur. Et tant qu'à faire, autant s'envoyer carrément un bon Today is The Day, un bon petit "Willpower", puisque c'est de là que Bill Kelliher et Brann Dailor proviennent...