Spear Of Longinus › Domni Satnasi

Spear of Longinus,tout un programme... Ce groupe australien formé en 1995 à Brisbane tient son patronyme du soldat à la lance qui aurait achevé Jesus Christ. Avant la réédition sur cd en 2003 par le label américain Vinland Winds Records, cet album pouvait être considéré comme un album fantôme, seulement disponible sur le réseau internet en téléchargement illégal. En effet, la version vynil produite par le label allemand Burznazg Productions en 1997 était non seulement limitée à 500 exemplaires mais en plus, une bonne partie du stock a été confisqué par les autorités allemandes, en raison de l'engagement politique du groupe, qui ne nous intéresse pas dans cette chronique. Afin de définir la musique de Spear of Longinus, les adjectifs suivants semblent adéquats: bestial, primitif, sauvage, violent, accrocheur. Le groupe pratique une musique d'obédience black metal fortement teintée d'influence thrash, un peu de death metal, et de punk (surtout vrai sur l'album suivant pour cette dernière mouvance). C'est très basique on ne va pas s'en cacher, mais chacun trouve midi à sa porte comme on dit. Incroyablement accrocheur du fait de riffs simplistes taillés pour le headbanging, la production est totalement calée sur le genre pratiqué, on sent la crasse, la saleté mais également une bonne dose de puissance. Une basse bien vrombissante, des guitares en avant, un jeu de batterie simple et droit au but, sans artifice, et une voix émanant du plus profond des tripes, voilà les ingrédients qui composent les éructations sonores du combo australien. Ils ne sont pas là pour rigoler, ils croient vraiment à leur truc et ça s'entend, une atmosphère excellente ressort de cette oeuvre. Les paroles traitent principalement de l'art de la guerre, tout l'univers ésotérique est peu évoqué sur cet album, contrairement aux suivants où il le sera beaucoup plus, notamment sur l'excellent TYONS. Un vrai chef d'oeuvre de bestialité, comme on en fait de moins en moins; aujourd'hui, on a plutôt le droit à des productions taillées dans le béton, pour cacher une atmosphère musicale pauvre, là c'est l'inverse: c'est la qualité des compositions et l'authenticité des musiciens qui rend cette pièce magnifique, et non la production surboostée. Le feeling live est immense sur ce disque, malheureusement les obstacles sont nombreux sur le chemin de SOL. Une réédition qui s'imposait donc, au passage on notera la fin du dernier morceau "Tribal warz" amputée de quelques secondes comparée à la version vynil de 1997, problème de master ou choix artistique, aucun moyen de le savoir. Un disque fait dans le sang, la sueur et les larmes.
"Desolation, pain, insanity....I want War. War in the skies, War in my mind...Total War."