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Neil Young › Sleeps with angels
informations
The Complex Studios, Los-Angeles, Etats-Unis, 1994.
line up
Ralph Molina (batterie), Poncho Sampedro (guitares, marimba, claviers), Billy Talbot (basse, vibraphone, marimba basse), Neil Young (voix, piano, guitare, flûte, accordéon, harmonica)
chronique
- terminal
Noir de chez noir, étouffant, même dans ses moments plus légers et supposément primesautiers... ce disque est un brûlot, une plaie ouverte. Pendant l'enregistrement eut lieu le suicide de Kurt Cobain, qui se donna en guise d'épitaphe, dans sa lettre d'adieux, une phrase de Neil Young ("It's better to burn out than to fade away"), et le Loner en fut profondément affecté. La chanson éponyme de cet album, qui ne s'intitule pas par hasard "Sleeps with angels", est une sorte d'hommage post-mortem : un tombeau grunge cataclysmique qui dépasse tout ce qu'avait produit le bonhomme jusqu'à présent : un rock lo-fi pourri jusqu'à la moëlle, ignominieusement fangeux, qui emporte dans son torrent les derniers espoirs d'une vraie foi en l'avenir du genre, en l'avenir tout cours. La mort plane tout du long de ces chansons, comme sur "Tonight's the night", sauf que "Sleeps with angels" est nettement plus varié, et va plus loin dans son dialogue avec les ombres. "My heart", l'introïtus de ce requiem, ne parle pas vraiment d'amour, ou alors d'un amour qui existerait après la cessation de la vie terrestre ; l'impression donnée par ce piano mécanique joué depuis un saloon fantôme ne peut être trompeuse. D'ailleurs, le dernier titre de ce disque, "A dream that can last", avec le même instrument, ôte définitivement nos doutes : "I feel like I died and went to heaven"... le lieu où il a enregistré cet album, sans aucun doute (le meilleur de Neil Young ? en tout cas son dernier chef-d'oeuvre). Le Crazy Horse est là et bien là, et les éternels Sampedro, Talbot et Molina, infatigables chevaux de somme, n'auront jamais eu poids plus lourd à porter. Ils ne s'en sortent pas seuls. La sonorité étouffante de ce disque est comme mise en valeur par des harmonies étranges : flûte déglinguée de "Prime of life" (autre titre piège), choeurs et refrain gnan-gnan de "Change your mind" (magnifique chanson, à laquelle on ne peut pas croire, pour cause de grattes ultra-saturées et de paroles coupées par des solos très longs qui noient tout dans l'oubli bienfaiteur). Les compositions sont quasiment toutes magnifiques, éternelles, à l'exception peut-être de "New Eden", aux allures de vieux blues quasi-instrumental certes destroy (comme tout dans ce disque) mais un peu trop conventionnel. Sinon, de partout, la tristesse la plus poignante ressort, innervée par la désespérance de refrains qui appuient imperturbablement là où ça fait mal ("Driveby", "Safeway Cart" la ravagée... même "Western Hero"/"Train of love" et l'épique "Trans Am", en souvenir d'une certaine Amérique, sont rongés par cette lèpre sublime qui recouvre tout). "Piece of crap" est du punk complètement idiot, qui envoie, en rigolant, tout chier pour de bon. Reste dans notre souvenir, après l'écoute, "Sleeps with angels", cette fureur innondée par la distorsion fuzz des guitares et le métal lourd de la rythmique : "trop tard" ou "trop tôt", la mort ne vient jamais au bon moment.
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notes
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commentaires
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- Reflection › Envoyez un message privé àReflection
Du coup... en réécoutant Joshua Tree (et oui...) j'ai eu envi de ressortir ce disque... et putain nouvelle mandale dans la gueule ! Surtout le milieu de disque avec le trio ; Change your mind, Blue eden et Safeway cart. Que cette liberté, cette rouille, ces déchirures, ces pulsations font du bien... merci Neil !
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- Rastignac › Envoyez un message privé àRastignac
Ce son de gratte de mammouth grincheux dès qu'il met le pâté ! Et oui, plein de tubes. Western Hero je crois que c'est ma préférée, mais le reste passe crème pareil. Même Piece of crap, on dirait un groupe avec que des Léandri (de fluide) dedans.
- Raven › Envoyez un message privé àRaven
Pareil ici. Celui qui a le plus tourné, et celui qui resterait s'ils devaient tous tomber, encore (et, thanx to Trimy, mon second découvert du monsieur après Harvest, qui lui était caché dans la collec parentale).
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- Fryer › Envoyez un message privé àFryer
Ça doit être l’album que j’ai le plus usé de Neil Young. Celui avec une ambiance nocturne idéale, tendue mais toutefois apaisante. C’est d’ailleurs le disque que je mets régulièrement le soir et qui m’accompagne dans le sommeil. Vraiment un chef d’œuvre.
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- SEN › Envoyez un message privé àSEN
Fabuleux ! Il prend complètement aux tripes ce skeud ! Je pensais pas Neil Young capable de sortir un truc aussi fou !
- Note donnée au disque :