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Giuseppe Verdi (1813-1901) › Don Carlo

  • 1988 • Decca 421 114-2 • 3 CD

45 titres - 198:02 min

  • CD 1 (60:37) - ACTE I - 1/ Su, cacciator ! (1:31) - 2/ Fontainebleau ! Foresta immensa e solitaria ! (2:10) - 3/ Io la vidi al suo sorriso (2:32) - 4/ Il suon del corno alfin nel bosco tace (2:41) - 5/ Al mio piè, perché ? (3:51) - 6/ Di qual amor, di quant'ardor (4:53) - 7/ Al fedel ch'ora viene, o signora (1:12) - 8/ L'ora fatale è suonata ! (0:47) - 9/ Inni di festa lieti echeggiate (1:22) - 10/ Il glorioso Re di Francia, il grande Enrico (5:05) - ACTE II - Premier tableau - 11/ Carlo il sommo Imperatore (7:00) - 12/ Al chiostro di San Giusto ove fini la vita (2:01) - 13/ E lui ! Desso ! L'Infante ! (4:07) - 14/ Dio, che nell'alma infondere (4:36) - Second tableau - 15/ Sotto ai folti, immensi abetti (3:24) - 16/ Nei giardin del bello (4:21) - 17/ La Regina ! (8:53) - CD 2 (63:11) - 1/ Io vengo a domandar grazia alla mia Regina (9:56) - 2/ Il Re ! (1:17) - 3/ Non pianger, mia compagna (4:15) - 4/ Restate ! (2:16) - 5/ Signor, di Fiandro arrivo (6:22) - 6/ Oso lo sguardo tuo penetrar il mio soglio (3:21) - ACTE III - 7/ Preludio (3:02) - Premier tableau - 8/ A mezzanotte, ai giardin della Regina (5:17) - 9/ Al mio furor sfuggite invano (6:46) - Second tableau - 10/ Spuntato ecco il di d'esultanza (10:42) - 11/ Sire, no, l'ora estrema (4:37) - 12/ Sire ! egli è tempo ch'io viva ! (5:08) - CD 3 (74:14) - ACTE IV - Premier tableau - 1/ Ella giammai m'amo ! (10:13) - 2/ Il Grande Inquisitor ! (3:37) - 3/ Nell'ispano suol mai l'eresia domino (4:08) - 4/ Giustizia ! (6:27) - 5/ Ah ! sii maledetto, sospetto fatale (4:22) - 6/ Pietà ! perdon ! per la rea che si pente (3:08) - 7/ O don fatale (4:55) - Second tableau - 8/ Son io, mio Carlo (3:40) - 9/ Per me giunto è il di supremo (4:39) - 10/ O Carlo, ascolta... (3:32) - 11/ Mio Carlo, a te la spada io rendo ! (3:31) - ACTE V - 12/ Tu che la vanità (5:27) - 13/ Francia, nobil suol, si caro ai miei verd'anni ! (5:21) - 14/ E dessa ! (5:49) - 15/ Ma lassù ci vedremo in un mondo migliore (3:34) - 16/ Si, per sempre ! (1:36)

informations

London Opera Centre, Royaume-Uni, juin-juillet 1965.

On ne change pas une équipe qui gagne... Un an après le fameux Rigoletto chroniqué en ces colonnes, l'immense ténor verdien Carlo Bergonzi et Dietrich Fischer-Dieskau, peut-être le plus grand baryton du vingtième siècle, se retrouvent, cette fois sous la baguette inflexible de Solti, pour graver, dans ces années soixantes bénies, ce qui reste encore de très loin la meilleure version de cet opéra. Si vous ajoutez la basse russe Nicolaï Ghiaurov, un autre géant, dans le rôle de Philippe II, finalement le rôle le plus important, Martti Talvela en inquisiteur et Grace Bumbry (Tebaldi est un poil en dessous des autres), vous obtenez un casting qu'il serait tout simplement inimaginable d'obtenir aujourd'hui pour l'enregistrement d'une telle oeuvre. Ce choix possède en outre deux avantages : il s'agit de la version en 5 actes (même si le premier, souvent supprimé, n'est qu'une mise en bouche, c'est quand même préférable de l'entendre) ; et il s'agit de la version chantée en Italien et non pas en Français (langue de la création de l'oeuvre), et on a beau dire, en ce qui me concerne, Verdi passera toujours mieux dans sa langue maternelle que dans la nôtre... Pas d'hésitation possible donc. Livret de 210 pages avec le texte intégral en Italien et en Français.

line up

Orchestra and Chorus of the Royal Opera House, Covent Garden, Sir Georg Solti (direction). Distribution vocale : Carlo Bergonzi (Don Carlo), Renata Tebaldi (Elisabetta di Valois), Nicolai Ghiaurov (Filippo II), Dietrich Fischer-Dieskau (Rodrigo), Grace Bumbry (La Principessa d'Eboli), Martti Talvela (Il Grande Inquisitore), Tugomir Franc (Un frate), Jeannette Sinclair (Tebaldo), Kenneth MacDonald (Il Conte di Lerma), John Wakefield (Un araldo reale), Joan Carlyle (Una voce dal cielo).

chronique

Attention, voici le chef-d'oeuvre sombre de la maturité de Verdi : Don Carlos ("Don Carlo" dans cette version italienne) est un monument de pesanteur (au meilleur sens de ce terme) et de noirceur, qui brasse, au travers de la pièce de Schiller adaptée, le politique et le religieux, le dramatique et le tragique, mais qui amène surtout le compositeur à se dépasser sur tous les plans : mélodies presque constamment inspirées, orchestration qui marie des palettes expressives inouïes jusque là chez Verdi, construction dramatique de la musique qui fait toujours monter la tension jusqu'à des sommets d'intensité parfois insoutenables... Jamais Verdi ne fera mieux (du moins dans un tel registre... Falstaff, c'est pour ainsi dire un autre monde). Les conditions de la création de l'oeuvre furent assez complexes : une commande de l'Opéra de Paris en 1867, qui exigeait le respect d'un certain nombre de conventions lourdes et contraignantes (5 actes, à l'origine plus de 5 heures de musique, la présence d'un ballet...) ; une oeuvre qui du coup fut remaniée, coupée, adaptée, à de nombreuses reprises par Verdi lui-même puis par ses interprètes après sa mort... Bref, de quoi être rebuté. Et pourtant, pourtant, rien n'y fait... rien n'entache l'éclat de ce diamant noir, même pas un premier acte court et pour le coup un peu conventionnel (la rencontre amoureuse en forêt entre Don Carlos, Infant d'Espagne, et Elisabeth de Valois, qui lui est promise... beau duo d'amour ; et voilà-t-il pas qu'on annonce que c'est finalement au roi d'Espagne lui-même, Philippe II, qu'elle devra se marier, "heure fatale"). Non, c'est au début de l'acte II que l'opéra débute vraiment : les cuivres seuls s'élèvent lentement et solennellement d'un tombeau, puis les cordes basses viennent les appuyer d'un abîme plus profond encore, avant que le choeur des moines de Saint-Just (lieu où s'était retiré l'ancien empereur Charles-Quint, et où Don Carlos est en visite) ne retentisse dans le lointain, offrant bientôt l'accompagnement à la prière de l'un deux, magnifique partie pour voix basse (bien évidemment la tessiture dominante dans cet opéra). Le contraste n'en est que plus frappant avec la scène de retrouvailles entre l'Infant et son ami d'enfance Rodrigue, d'une ardeur toute verdienne, qui ne va jamais dans cette oeuvre sans une certaine majesté. Le duo de l'acte II entre Don Carlos, encore amoureux, et celle qui est désormais sa mère après son mariage forcé, est un des plus tendus, fulgurants, et aussi célestes, jamais écrits par Verdi, passant par les confusions et les tourments les plus extrêmes, et toujours de plain-pied dans la musique d'action. Tous les ensembles (duos, trios, quatuors) sont à ce titre révélateurs : le moteur musical emporte tout sur son passage, ramasse dans une même violence les mobiles de chacun, qui finissent par se confondre à l'image de lignes de chant éloignées qui se rejoignent tôt ou tard. C'est une lutte perpétuelle et frénétique entre sentiments contraires, qui porte, même lorsqu'il s'agit du dilemme amoureux, tout le poids des enjeux politiques qui sous-tendent l'intrigue (Don Carlos, avec Rodrigue, veut prendre, face à Philippe II son père, la défense de la Flandre protestante, mise à feu et à sang pour avoir osé se rebeller contre le joug espagnol. Subissant la pression religieuse de l'Eglise catholique et de son inquisition, Philippe finira par sacrifier son propre fils). Bon, il faut aussi se pencher sur ce fameux premier tableau de l'acte IV, une extraordinaire et terrifiante accumulation de force : une aria de basse bouleversante, chantée comme en plein rêve, puis ce fameux duo de basses, pièce unique, la confrontation entre Philippe II et son grand Inquisiteur : faut-il que le roi fasse exécuter son propre fils qui a osé se rebeller pour défendre la Flandre ? Chaque mot de l'Inquisiteur assomme l'auditeur, la musique se pétrifie à l'image de son dogmatisme impitoyable. L'Inquisiteur lui demande aussi la tête de Rodrigue. Le roi s'emporte... Cette joute féroce entre deux puissances est le sommet absolu de l'oeuvre de Verdi - on ne s'en relève pas. Jamais traduction musicale d'un conflit aux enjeux aussi importants n'a trouvé pareille intensité et pareille noirceur. Il faudrait en analyser chaque phrase. Et ce n'est pas fini... La scène qui suit où Philippe accuse Elisabeth d'adultère, le quatuor entre les époux, Rodrigue et Eboli la traîtresse, digne de celui de Rigoletto, l'aria finale d'Eboli, c'est claque sur claque. Cette version "réduite" de l'opéra accusant tout de même trois heures vingt de musique, on y décèle fatalement des faiblesses, mais peu importe. Pris dans son ensemble, Don Carlos reste selon moi le plus haut sommet verdien de la période allant jusqu'à Aïda. Terrible.

note       Publiée le samedi 7 janvier 2006

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    Arno Envoyez un message privé àArno

    Le duo Inquisiteur - Philippe II... Quel moment de théâtre !

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    Arno Envoyez un message privé àArno
    La marche triomphale enterre celle d'Aida...
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    Arno Envoyez un message privé àArno
    Alors, d'accord, Bergonzi a un timbre magnifique, mais il n'a pas l'aigu facile (En comparaison, je trouve que Domingo a un plus bel aigu, c'est dire)... Tebaldi, elle, est fatiguée... Pour le reste, c'est le top (si on aime la rigueur de Solti, rigueur qui convient plutôt à un opera comme celui-ci)...
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    Arno Envoyez un message privé àArno
    Il paraît que la version LIVE Giulini, Vickers, Brouwenstijn est encore meilleure... tu connais ?
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    Arno Envoyez un message privé àArno
    Y a un passage qui sonne mieux en Français qu'en Italien, c'est le duo d'amitié entre Carlo et Rodrigue (Dio che nell'alma infondere... Dieu tu semas dans nos âmes...)...
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