Melt Banana › Scratch or Stitch

Ce troisième album de Melt Banana est super violent ! Moi qui m'étais toujours demandé d'où venait la catégorisation de Melt Banana dans le grind (alors que le groupe est ouvertement et stylistiquement 100 fois plus proche d'un punk "expérimental" que de n'importe quelle forme de grind), la réponse s'appelle "Scratch or scritch". Ici, on blast. Sévère. La guitare se met à riffer (une première !), du gros riff hardcore soi dit en passant, n'oubliant pas ses excursions dans le monde des touts petits, bidouillages sonores et multi effets de rigueur (ou comment faire passer Tom Morello pour un guignol en 2 min), alors que la basse n'a jamais été aussi bavarde, aussi sèche, aussi clinquante et sautillante, allant même jusqu'à être "dansante". Un comble pour du punk ! En parlant de punk, Yako, délicieuse punkette hystérique, Doc's aux pieds et treillis militaire sur un petit bout de femme d'1m55 et 40 kg (me faisant penser à la nana dans "Bullet Ballet" de Tsukamoto… encore lui), réveille le punk qui est en nous avec son phrasé old school, son style sans aucune grâce, sans fioriture ni artifices, sans penser du quand dira-t-on (Lacan dira-t-on même… *blague de psychologue*), ses paroles sans aucun sens et l'extrême rapidité du défilement de ceux-ci. La patate, et pas de la douche s'il vous plait ! Les titres s'avèrent déjà un peu plus varié qu'au début, avec du grind, du punk, du délire, du mid-tempo, du groove syncopé, des trips limites futuristes, des machins de 15 sec rappelant parfois les Ruins (!), etc… On regrettera juste un son pas tout à fait excellent (Mr Albini toujours, mais accompagné de l’ignoble Jim O’Rourke au mixage, le manitou noise qui aime quand c’est crade), assez vite irritant (notamment la voix qui aurait mérité un meilleur mixage, comme pour les 2 précédents, vous auriez remarqué), une guitare pas assez présente décibelement parlant (les riffs pas assez audibles, dommage !), et une maturité par tout à fait acquise, comme le témoigneront les futurs disque à partir de l'incroyable "Charlie". Un excellent témoignage du passé et du parcours du groupe. PATATE !!