Vous êtes ici › Les groupes / artistes › Z › Bernd Alois Zimmermann (1918-1970) › Die Soldaten
Bernd Alois Zimmermann (1918-1970) › Die Soldaten
- 1991 • Teldec 9031-72775-2 • 2 CD
24 titres - 107:07 min
- CD 1 (59:40) - 1/ Preludio (5:26) - AKT I - 2/ Introduzione (0:26) - 3/ 1. Szene (Strofe) (5:25) - 4/ 2. Szene (Ciacona I) (1:47) - 5/ Tratto I (0:46) - 6/ 3. Szene (Ricercari I) (7:43) - 7/ 4. Szene (Toccata I) (4:08) - 8/ 5. Szene (Nocturno I) (8:17) - AKT II - 9/ Introduzione (0:20) - 10/ 1. Szene (Toccata II) (10:36) - 11/ Intermezzo (3:38) - 12/ 2. Szene (Cappriccio, Corale e Ciacona II) (11:03) - CD 2 (47:27) - AKT III - 1/ Preludio (1:20) - 2/ 1. Szene (Rondino) (2:48) - 3/ 2. Szene (Rappresentazione) (2:15) - 4/ 3. Szene (Ricercari II) (3:52) - 5/ Romanza (2:56) - 6/ 4. Szene (Nocturno II) (8:14) - 7/ 5. Szene (tropi) (10:20) - AKT IV - 8/ Preludio (1:46) - 9/ 1. Szene (Toccata III) (3:20) - 10/ Tratto II (0:48) - 11/ 2. Szene (Ciacona III) (4:46) - 12/ 3. Szene (Nocturno III) (4:54)
informations
Studio des Süddeutschen Rundfunks, Allemagne, de septembre 1988 à avril 1989.
Livret de 230 pages avec, entre autres, le texte intégral en Allemand et sa traduction française.
line up
Distribution vocale : Mark Munkittrick (Wesener, marchand d'articles de mode à Lille), Nancy Shade (Marie), Milagro Vargas (Charlotte), Grace Hoffman (la vieille mère de Wesener), Michael Ebbecke (Stolzius, drapier à Armentières), Elsie Maurer (la mère de Stolzius), Alois Treml (le comte de Spannheim, colonel), William Cochran (Desportes, gentilhomme du Hainaut français, servant dans l'armée française), Guy Renard (Pirzel, capitaine), Karl-Friedrich Dürr (Eisenhardt, aumônier), Klaus Hirte (Haudy), Raymond Wolansky (Mary), Johannes Eidloth, Robert Wörle, Helmut Holzapfel (trois jeunes officiers), Urszula Koszut (la comtesse de la Roche), Jerrold van der Schaaf (le jeune comte, son fils), Karl-Heinz Eichler (le serviteur de la comtesse de la Roche), Jürgen Bolle (le jeune aspirant), Jörg Geiger (l'officier ivre), Peter Flottau, Hans Tübinger, Uwe Rohde (trois capitaines). Chor des Staatstheaters Stuttgart, Ulrich Eistert (direction), Staatsorchester Stuttgart, Bernhard Kontarsky (direction).
chronique
- contemporain/opéra
Après 1945, l'opéra, genre jusque-là fleurissant, engagé sur les routes de la modernité avec Bartok, Chostakovitch, Janacek, et surtout Berg, devient un horresco referens pour l'avant-garde. Sclérosé dans des rituels qui n'ont plus lieu d'être, lourd à monter et à financer, bâtard qui mêle musique, danse et théâtre... l'opéra devient pour la nouvelle génération de compositeurs le symbole du conservatisme pétrifié, des traditions à combattre, incarnées par les Britten, les Stravinsky période néo-classique, ou, pire encore, les opéras de Gian-Carlo Menotti. Cette malédiction ne sera définitivement rompue qu'au milieu des années 1970 avec la modernité revigorante des oeuvres de Ligeti ("Le grand macabre") et de Glass ("Einstein on the beach") - mais le post-modernisme est déjà dans la ligne de mire... Tout ça pour dire que durant plus de deux décennies, l'avant-garde n'a reconnu pour sien qu'un seul opéra, créé en 1965, j'ai nommé "Die Soldaten" (les soldats) de Bernd Alois Zimmermann, compositeur allemand torturé, d'abord d'obédience sérielle puis davantage soucieux d'expression personnelle au travers d'influences diverses. Créateur du fameux "Requiem pour un jeune poète" en 1969, l'homme se donna la mort peu après... "Les soldats", qui fut à n'en pas douter l'oeuvre de sa vie, Zimmermann y travailla et re-travailla sur une période de près de 10 ans. L'enjeu était, comme on l'a compris, de taille : réconcilier un genre entier avec la modernité. Paradoxalement, ce fut un semi-échec, Zimmermann n'ayant jamais réussi à trouver tous les moyens financiers pour monter le chef-d'oeuvre de ses rêves (et l'on retombe donc sur un des reproches majeurs...) Toutefois, l'ambition était tellement énorme qu'il en est forcément resté quelque chose. Le vieux rêve wagnérien du spectacle total est ainsi réactualisé : architecture, peintures et sculptures du décor, dispositif scénique mettant en parallèle plusieurs espaces de musique et de temps, ballets, vidéos, musiques concrètes et électroniques, jazz, comédie musicale, théâtre engagé, allégorique, textes clairs malgré la furia de, pardon, DES orchestres (une partie des instruments à percussions, trop nombreux, est en général située non pas dans la fosse mais en coulisses, relayée par des hauts-parleurs)... "L'exigence immédiate est aujourd'hui de concentrer et de coordonner intellectuellement toutes les découvertes des dernières années", dit le compositeur. L'objectif ne pouvait être atteint. Reste une oeuvre contemporaine certes inaboutie, mais noire, violente, angoissée, posant d'incessants questionnements métaphysiques. Adapté d'un classique du théâtre allemand datant de 1775, l'opéra a pour propos une mise en scène symbolique des ravages du temps qui passe sur la portée des événements historiques, du déterminisme broyant la responsabilité individuelle, des crimes contre l'humanité... Bref, un joyeux programme. Concrètement, il s'agit de l'histoire d'une jeune fille de la petite bourgeoisie, Marie, promise à un mariage tranquille, mais qui va devenir, à force de fréquenter des militaires issus de la noblesse et lui donnant de faux espoirs d'élévation sociale, une fille à soldats, c'est-à-dire ni plus ni moins qu'une prostituée. La tragédie individuelle est constamment passée au filtre de toutes les tragédies collectives, mêlant passé, présent et avenir. Pour le coup, je dirais également que l'absence de support visuel est ici une nuisance, étant donnée la complexité du dispositif scénique initialement conçu (parfois 3 niveaux de spectacle visibles et audibles simultanément représentant 3 époques différentes). Musicalement, on en retient quand même pas mal de choses : l'effroyable cacophonie d'une ouverture prémonitoire, lancée en avant par le battement régulier et martial des timbales ; le pointillisme sériel qui ne nuit en rien à la fluidité du déroulement dramatique et à la compréhension du texte ; la scène du café de II,1 avec son empoignade vocale et instrumentale hallucinante (écoutez le marasme permanent des percussions, le clavecin...) qui devient tout à coup musique de jazz "dégénérée" avec chabada, contrebasse, et guitare électrique ; le caractère sinistre de l'intermezzo, avec son orgue de messe noire ; le douloureux trio féminin de III,5 dont l'insupportable tension est caractéristique ; et enfin l'acte IV dans son entier : viol réel et symbolique de Marie, viol musical aussi, qui assourdit l'auditeur par la brutalité des différentes étapes de la scène présentées simultanément (avec reprise d'éléments de l'ouverture, projections de plusieurs films) ; la vengeance du fiancé de Marie sur les soldats qui l'ont déshonorée, acmè dramatique, a toute l'efficacité de sa sobriété ; enfin, la dernière scène, d'anthologie : prières murmurées, râles de souffrance et d'agonie en fond sonore, reprise dérisoire du jazz-combo, le père de Marie fait l'aumône à une mendiante s'en s'apercevoir qu'il s'agit de sa propre fille, les morts de la guerre défilent (est-ce une réminiscence du "J'accuse !" d'Abel Gance et de la célèbre séquence où les morts de 14-18 venaient faire leurs reproches aux vivants préparant de nouvelles tueries ?), puis le tambour et les bruits de botte envahissent tout. Dernière déflagration des cuivres pour accompagner les ultimes cris. Rideau.
note Publiée le mercredi 14 décembre 2005
dernières écoutes
Connectez-vous pour signaler que vous écoutez "Die Soldaten" en ce moment.
tags
Connectez-vous pour ajouter un tag sur "Die Soldaten".
notes
Note moyenne 2 votes
Connectez-vous ajouter une note sur "Die Soldaten".
commentaires
Connectez-vous pour ajouter un commentaire sur "Die Soldaten".
- Arno › Envoyez un message privé àArno
- Faut absolument voir le DVD...
- Note donnée au disque :
- Arno › Envoyez un message privé àArno
- J'ai vu le premier acte... L'ouverture... Quelle cacophonie !!! et la scène où les soldats se disputent à propos de la Comédie !!! du grand art...
- Note donnée au disque :
- Trimalcion › Envoyez un message privé àTrimalcion
- Ha ben oui, en plus c'est la même production avec le grand Kontarsky à la direction. J'espère que t'as un écran et surtout un sound system ad hoc avec ton lecteur DVD :)
- Note donnée au disque :
- Arno › Envoyez un message privé àArno
- [http://www.lamediatheque.be/travers_sons/0702BVL05.html] On est quand même bien servis hein ?...
- Note donnée au disque :