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Bernard Parmegiani (1927-2013) › De natura sonorum

cd • 12 titres • 53:02 min

  • 1ère série
  • 1Incidences/Résonances4:00
  • 2Accidents/Harmoniques4:46
  • 3Géologie sonore4:34
  • 4Dynamique de la résonance2:53
  • 5Étude élastique6:42
  • 6Conjugaison du timbre5:05
  • 2ème série
  • 7Incidences/Battements1:43
  • 8Natures éphémères4:08
  • 9Matières induites3:44
  • 10Ondes croisées2:01
  • 11Pleins et déliés4:39
  • 12Points contre champs8:31

informations

1975

Créé à Paris le 3 juin 1975, salle Wagram - Acousmonium INA.GRM

line up

Bernard Parmegiani (réalisation sonore)

chronique

Voici un disque à la fois effrayant et fascinant. Effrayant tout d'abord, à cause de l'austérité, de la sévérité qu'il revendique. Cette suite en douze mouvements, divisée en deux séries, n'est en effet ni plus ni moins qu'un recueil d'études, chacune portant sur un phénomène sonore précis et strictement circonscrit. Le titre de l'oeuvre elle-même et celui de chaque mouvement sont d'ailleurs suffisamment explicites : on n'est pas là pour rigoler. Dans la première série, qui mêle sons instrumentaux et sons électroniques, on a affaire à l'étude de la résonance électronique pouvant être donnée à un son instrumental, de l'interruption d'un continuum harmonique par des sons brefs qui finissent par en modifier le timbre, d'effets de vibrations, etc. La seconde série, où les sons instrumentaux se font plus rares, étudie des phénomènes de trajectoires, de rebonds, d'opposition diverses de sons électroniques... Vous êtes sans doute par avance découragés par cette description d'une pièce qui, par son côté clinique et ses froides expériences de laboratoire, semble s'opposer à toute notion de plaisir d'écoute. Et pourtant, vous auriez tort, car cette oeuvre, qui marque par ailleurs une vraie rupture dans la démarche créatrice de Parmegiani, est également fascinante. Cela fait longtemps que les "études", en musique, ne sont plus neutres, et que la définition précise d'un champ d'investigation technique ne s'oppose plus à la jouissance organique qu'une musique peut procurer. Ainsi, l'architecture de l'oeuvre nous ouvre, en milieu et en fin de chacune des deux séries, des abysses ténébreux où toutes nos facultés d'analyse vont se perdre. C'est le cas dans cette sombre "Géologie sonore", dont l'émergence des couches se fait en partant des entrailles profondes de la terre ; de même avec la "Conjugaison du timbre" qui cueille l'auditeur à froid et le plonge dans une atmosphère morbide et glauque à souhait. "Matières induites", qui tient les promesses de son programme, est un extraordinaire tour de force où chaque son, projeté en rafale de manière continue, mange progressivement le son qui le précède, dans une perpétuelle "transformation d'état". Enfin, le point culminant est bien évidemment réservé au final, qui fait surgir des événements sonores brefs dans une ramification harmonique qui devient de plus en plus complexe et envahissante. En d'autres termes : ça déchire.

note       Publiée le dimanche 27 novembre 2005

chronique

Dès 1975, De natura sonorum cherche à questionner la véritable nature du son en faisant preuve d'une puissance évocatrice hors norme. La démarche de Parmegiani consiste en une mise en œuvre de différents mouvements sonores, occasionnant la rencontre, le télescopage de forces telluriques dans un environnement de macro-phagocytose. Mais est-il seulement possible de définir le son autrement que par son dénominateur commun, l'onde acoustique ? La première série paraît suggérer l'aporie d'un tel raisonnement. Les créations musicales du compositeur français font écho au tourbillon de la conscience, indéfinissable, qui recrache toute tentative concrète avec violence. Plus on cherche à s'approcher d'une notion tangible, plus on ressent un violent rejet vers l'extérieur ; et pourtant, l'œil du cyclone est bel et bien la destination. Le monde sonore dans lequel nous sommes invités met en exergue les relations complexes et chaotiques existant entre chaque forme, où chaque vibration fermente jusqu'à confondre l'oreille avec, notamment, l'outil du "timbre conjugué". Dans une ambiance à la Penderecki, un saxophone baryton se déforme en didgeridoo ou en corde de violoncelle proche du claquage musculaire ; ailleurs, des sonorités synthétiques sont portées à ébullition pour monter du bruit blanc en neige, cédant bientôt sa place à un déluge de grêle sur un orchestre d'idiophones. La beauté de l'œuvre de Parmegiani, c'est sa capacité à suggérer une beauté esthétique, faisant épouser la forme avec le fond : plus particulièrement al coda, avec l'abstraction progressive de clusters électroniques sur un fond de résonance quasi-bouddhique, renfermant par la suite la pièce en son sein lors d’un ultime crescendo, qui éclabousse en un court crépitement de fin des temps.

note       Publiée le lundi 12 mars 2018

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    Scissor Man Envoyez un message privé àScissor Man

    Pour ceux que ça intéresse (et qui sont très attachés au vinyle), une deuxième réédition double LP est prévue à la fin du mois par les éditions Mego des fameuses recollection GRM.

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    DukeOfPrunes Envoyez un message privé àDukeOfPrunes
    avatar

    Hé, les mecs ! Oui la BO des Shadoks est excellente, je comptais faire une chro. Belle surprise encore chez WRWTFWW. Pour le coffret Parmegiani, c'est assez dingue je trouve ; il avait été réédité après le décès du compositeur (en 2013 donc, ou début 2014) et je ne pensais pas le revoir OOP avant un petit bout de temps...

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    bubble Envoyez un message privé àbubble

    Si si ca se date .....24 ans après étude 1 de boulez.

    Raven Envoyez un message privé àRaven
    avatar

    Bah, je fais avec mes outils aussi, mais si ce Nanard au look à boîte de sardines millésimées est pas un des maîtres de Richard D. James, donc d'Aaron Funk, j'veux bien me réincarner en chiure de krill... La différence, assez incroyable, c'est qu'ici ça sonne jamais daté/datable - bien malin qui pourrait dire que ça a été enregistré en 1975 ! De la musique insecte. C'est vivant, et fascinant.

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    mangetout Envoyez un message privé àmangetout

    Pinaise question prix c'est impressionnant effectivement.

    J'ai ce CD (pour le livret bien foutu, même si j'ai aussi le livre "L'envers d'une œuvre" consacré à cette pièce) et aussi le gros coffret de l'INA-GRM de 12 CD sorti en 2008, or sur Discogs il est à 250 euros, ouch !!!