Moonblood › The Winter Falls Over The Land

La cinquième démo de Moonblood, après quatre cassettes sorties en 1994, fait preuve d’un intégrisme et d’un jusqu’au-boutisme au dessus de tout soupçon. C’est une célébration. Une messe. Noire. Glaciale. Détestable. Et effrayante. Une liturgie de damnés, d’une densité étouffante et d’une triomphale conviction. Voici la musique des transes nocturnes et démoniaques des derniers sabbats orchestrés au fin fond des plus impénétrables forêts de la païenne Germanie. Voici ces abominables chants de haine hurlés dans la nuit, odieux dans leur arrogance et leur fière hideur. Voici ces gueules déformées par la fureur et levées vers la lune, dans un éternel rictus d’animale sauvagerie. Voici ces marches de guerre martelées sur les sentiers brumeux qui mènent à la gloire et à la mort. Voici ces incantations funèbres, ces oraisons impérieuses qui réclament avec l’énergie du désespoir, dans une ultime convulsion de rage, le chaos définitif, la dévastation finale, la destruction gratuite et pure. Comment Moonblood procède-t-il ? Les chamanes avaient le rythme enivrant de leur tambour ; les jeunes nihilistes post-modernes ont les beats tétanisants des rave parties ; le black metal, lui, délivre le flot, brûlant de froid, de la colère et de la vengeance brutes et absolues, un flot âpre comme la roche, sale comme une charogne putréfiée, affolant comme une pluie de sang, au moyen de guitares minérales, d’une batterie tellurique et d’une voix possédée, sortie du fond des âges, imprégnée de cette ferveur infernale qui fait de l’homme une bête – et heureux de l’être.