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Bernard Parmegiani (1927-2013) › L'oeil écoute

8 titres - 24:32 min

  • 1/ Train de passage (3:26)
  • 2/ Passage d'insectes (2:13)
  • 3/ Transition (1:32)
  • 4/ Harmoniques I (2:52)
  • 5/ Signes (4:16)
  • 6/ Harmoniques II (3:04)
  • 7/ Murmurants (4:13)
  • 8/ Alternatif (2:52)

informations

Studio 54, GRM, Paris, France, 1970.

line up

Bernard Parmegiani (réalisation sonore).

chronique

Inutile de donner en introduction une petite biographie de Bernard Parmegiani. C'est en gros la même que celle de Bayle, Ferrari, Henry, Chion... études musicales classiques, passion pour le son, entrée au GRM et rencontre déterminante avec le gourou Pierre Schaeffer, qui guidera par ses idées la suite de sa carrière. "L'oeil écoute"... oui, c'est bien ça : cette citation de Claudel pourrait être la devise de bon nombre de compositeurs. On pourrait tout aussi bien dire "l'oreille regarde" : déclencher des "visions" avec le sonore, qui n'en rêve pas ? Quand Pierre Henry s'empare de cette thématique, il se situe dans une lignée romantique à la Hugo ou à la Rimbaud. Le monde de Parmegiani semble plus réaliste, plus froid - il y a une clinique de la composition, du découpage des séquences (et des fréquences) ; tout est logique, emprunt d'une certaine rigueur formelle. Et pourtant, rien dans cette pièce n'est austère ni abstrait. C'est bien simple, en moins de 25 minutes, on passe d'un paysage sonore "concret" (un train qui roule) à de l'electro pure qui martèle un tempo dans un flux sonore d'une richesse extraordinaire. Entre le soundscape et la techno, vous passerez par la case electronica (en constatant au passage qu'Aphex Twin était surfait avant même d'être né) ainsi que par la case dark ambient. Mais c'est toujours un peu facile de vanter une telle musique en raison de son caractère novateur (même si l'influence majeure de Parmegiani est largement reconnue par ses pairs qui donnent dans l'electro un plus "pop"), facile et surtout très réducteur. Cette musique mérite bien mieux que d'être considérée comme l'ancêtre de machin ou de truc. Non, "L'oeil écoute" reste, encore aujourd'hui, un petit chef-d'oeuvre, d'une fluidité, d'une beauté incroyables. Tout d'abord, il s'agit d'une suite dont les huit mouvements s'enchaînent sans interruption et de manière parfaite : on glisse d'un monde à l'autre. Partant de sons plutôt familiers et accrocheurs (le train qui file à toute allure, les insectes), Parmegiani nous tend une perche pour mieux nous happer, pour mieux nous conduire vers des méandres sonores où l'imagination va pouvoir prendre toute sa place. Le train se noie sous les grésillements, les insectes se confondent avec la modulation de fréquence... et c'est parti. Vous ne remettrez plus les pieds à terre. Car à partir de la "Transition", c'est la brutale succession des apparitions et des disparitions, c'est le souffle lugubre et inquiétant, qui se mute, change d'"Harmoniques", fait descendre à notre imagination, un à un, les cercles d'un petit enfer où les repères ont été perdus. Les "Signes" ne renvoient désormais à rien de connu. La matière sonore adopte de multiples formes, monstrueuses, qui vagissent ou murmurent, s'agrègent ou se désintègrent. Et nous glissons toujours, nous descendons de plus en plus profondément, jusqu'au coeur de la machine infernale (alimentée par un courant "Alternatif"), où des échos démultipliés nous parviennent sous leur forme primitive, et engendrent la pulsation de transe dont l'énergie nous aide à remonter à la surface. Voilà, sans qu'il y ait besoin d'un quelconque programme, mon imagination s'est réveillée ; à vous de piquer la vôtre.

Très bon
      
Publiée le samedi 26 novembre 2005

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    sgt.Toupie Envoyez un message privé àsgt.Toupie

    Celui làest bien cool aussi, pas austère du tout. Je me rappel des siestes étranges dessus. un super complément ici https://www.gutsofdarkness.com/god/objet.php?objet=19618 et pour plus de trains fantomes El Tren Fantasma de chris watson (ancien Cabaret Voltaire)

    mangetout Envoyez un message privé àmangetout
    Imaginary Landscapes n°1 est en écoute ici : http://www.mediaartnet.org/works/imaginary-landscape-1/audio/1/
    dariev stands Envoyez un message privé àdariev stands
    avatar
    la musique contemporaine, c'est comme le saucisson : plus c'est vieilli, plus c'est bon. mouarf...
    kama Envoyez un message privé àkama
    Oh! Bah je fonce sur Cage alors, je pensais ses travaux plus recents! Voila qui va pimenter ma journée...
    Note donnée au disque :       
    mangetout Envoyez un message privé àmangetout
    Et pourquoi pas John Cage, sa pièce électronique "Imaginary Landscapes n°1" si je ne m'abuse date de 1939 ? Après on ne parle que de précurseurs d'un genre musical, car pour le coup entre la musique électronique façon cirque imaginaire de Raymond Scott et la rudesse et l'abrasivité de celle de Parmegiani, un monde les sépare, sans émettre un jugement de valeur !