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Arthur Honegger (1892-1955) › Symphonie n°3

3 titres - 71:33 min

  • 1_3/ Symphonie n°2
  • Symphonie n°3 "liturgique" 33.15
  • 4/ "dies irae" allegro marcato 7.03
  • 5/ "de profundis clamavi" adagio 14.26
  • 6/ "dona nobis pacem" andante 11.46
  • 7/ Igor stravinski Concerto en ré pour orchestre à cordes

informations

JesusKrist Kirche, Berlin, septembre 1969

La puissance orchestrale et la beauté capiteuse des timbres de cet enregistrement sont à mon sens sans équivalent, et particulièrement adaptés à cette partition aussi spéctaculaire que mystique. Ce volume de la collection "the originals" de DG qui associe la deuxième et la troisième par le philarmonique de Berlin est ainsi un très grand disque dont le prix réduit n'est qu'un atout parmi d'autres.

line up

Orchestre Philharmonique de Berlin; Herbert Von Karajan (direction)

chronique

  • musique symphonique - xxème/contemporain

Ca commence par une gifle que l'on voit arriver et qui nous sèche la gueule... puis des thèmes éclatants de cuivres qui explosent, des montagnes russes de cordes en pleine tempêtes, des annonces dramatiques de cors et une toile orchestrale qui glissent de haut en bas sur des cordes aiguës... c'est jour de colère. Premier mouvement rapide, brutal, ouvragé mais violent, lardé de cuivres cinglants, agité de mélodies singulières et réellement propulsé par son rythme linéaire de locomotive : l'auteur de "Pacific 31" propose une vision particulièrement dynamique de la colère; plus dérangeant qu'une charge constante, il nous promène d'un inconfort à l'autre en nous mettant en chemin des bâtons dans les roues. C'est une véritable danse de thèmes ennemis, d'accès sonores éprouvants, d'hystéries aiguës de trompettes et violons, encore dramatisée par l'assise horrifique qu'offre les registres graves : des cuivres épouvantables et des basses qui déroulent des thématiques de mort. On est très loin, pourtant, de la cacophonie. La puissance, la finesse, la richesse mélodique d'Arthur Honegger est ici à son comble : ce violent allegro à l'ossature métrique complexe et virtuose est une véritable fresque de mélodies marquantes, des élans pastoraux poussés à la faute, des marches de guerres sublimées par des densités harmoniques saisissantes, des moments de beauté cadrés par une structure qui semble en permanence courir après le temps. Car la partition du suisse a ici sur le temps l'effet d'une tempête sur la mer... elle le cabre, le perturbe, le malmène et le rend fou. L'adagio est une merveille comme il y en a très peu. L'amour de Honegger pour les plans harmoniques trouvent ici une de ses plus pertinentes incarnations... les voiles se dressent, hautbois, flûtes, violons, les niveaux harmoniques se mêlent, les plus belles progressions nostalgiques et profondes s'élèvent l'une après l'autre, se chevauchent et se colorent jusqu'à nous rendre ivres, malgré le calme et la douceur, d'harmonies imprévues. Il possède aussi en son centre une levée de noirceur et de violence sonore comme Honegger les aime, et comme nous les craignons, qui prendra toute sa force après avoir longtemps gronder sous le silence, et perturber les notes. D'un déroulement plus commun, "Dona nobis pacem" est une lente montée de ténèbres d'une magnifique puissance... une incoercible marche de l'inquiétude contenue de cordes qui marmonnent vers l'ultime ouragan : une succession de cuivres puissants et fatalistes et d'accès orchestraux d'une terrible violence. La fin est délicate et nous repose doucement, enfin, sur la terre ferme... mais les souvenirs sont là, ainsi que l'inquiétude qui transparaît encore comme un filtre harmonique... il va falloir du temps à notre âme malmenée pour qu'elle sorte d'ici.

note       Publiée le vendredi 18 novembre 2005

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gregdu62 Envoyez un message privé àgregdu62

Excellente découverte nocturne et réécoutée depuis, versions Mravinsky (live avec le Leningrad), Karajan, Munch (live avec le Boston) et Baudo (Orchestre Tchèque). C'est le cinéma qui m'a intrigué pour Honegger après avoir vu récemment deux films français des années 30 pour lesquels il a composé la musique ("Les misérables" de Bernard et "L'équipage" de Litvak). Puis je me suis rendu compte qu'il en a composé celle de deux autres films français que j'aime beaucoup ("Un revenant" de Christian-Jaque et "Crime et châtiment" de Pierre Chenal). J'ai glané un peu hasardeusement cette 3ème symphonie suivi d'un petit saut sur guts où, tiens, je trouve deux chroniques sur son oeuvre. Je vais sans doute creuser un peu le reste (au moins les symphonies). Pour l'heure cette troisième symphonie est fascinante. J'alterne surtout la version de Karajan (son superbe !) et celle de Mravinsky (plus âpre)

Note donnée au disque :       
necromoonutopia666 Envoyez un message privé ànecromoonutopia666

J'ai enfin osé remettre le double cd avec les 5 symphonies et pacific 231 sorti chez EMI classics dans mon mange disque. Eprouvant mais diablement prenant.Je dis "osé" parc'à la première écoute c'est limite flippant tellement c'est abyssal et insondable. Ca valait donc la peine de laisser mûrir mon aprehension face au compositeur et son oeuvre. La méga claque.

Note donnée au disque :       
gab Envoyez un message privé àgab
J'ai récupéré "La danse des morts" pour 50 centimes. Pas mal, certains passages sont bien, alors que d'autres moins... Honegger a t-i-l fait d'autres choses dans un registre assez "infernal" et obscur?