Iszoloscope › Au seuil du néant

Fini la récréation avec les copains, la rentrée Iszoloscope est tranchante, froide, sans concessions et directe. On avait pu suivre l'évolution du projet d'une ambient malsaine où l'industriel laissait poindre un soupçon d'atmosphères plus travaillées mais l'on assiste avec 'Au seuil du néant' à un développement essentiel de l'oeuvre du canadien. Signature chez Ant-Zen tout d'abord, reconnaissance oblige (après un passage tout aussi important chez Spectre) et du coup une latitude créatrice notable. 'Au seuil du néant' est un aboutissement véritable pour Yann Faussurier. pas moins de 150 minutes de musique en comptant le second cd plein à craquer de remixes par de grand noms et d'autres plus confidentiels. Ces remixes justement remanient certes quelques titres de ce nouvel opus mais également des albums précédemment sortis : relectures minimalistes, electronica-indus ou carrément hardcore, de quoi rassasier les goûts les plus divers. Revenons donc sur l'album proprement dit. Emaillé de séquences ambient très dark, alternant nappes grondantes et interférences, 'Au seuil du néant' décrit une sorte d'expérience sur l'isolement et les privations sensorielles, plongeant jusqu'au coeur des cellules des organismes pour en décortiquer le moindre mystère. Expérience éprouvante, à grands renforts de techno-indus spasmolytique qui ne laisse aucun répit ('Le dénominateur commun' et sa lente progression vers des contrées hardcore vraiment intenses, 'Skotophobique', '-28°C and falling', '32 hours of eternity') et d'ambiences angoissantes au tempo certes plus 'aérien' mais dévastateurs ('No more sighs') voire dark-ambient avec 'Iszoloscope tome deux'. Un univers unique, très dur car brouillant les pistes, détruisant les répères. Musique d'ambiance pour cobaye en caisson d'isolement, symphonie techno-indus et noise sur la monstruosité et la mutation, au final c'est la nature dans ce qu'elle a de plus beau et de plus horrible qui règne toujours et les arbres sur la pochettes en sont les témoins depuis fort longtemps. Démentiel mais dangereux !