John Adams (b.1947) › Eros piano

"Eros piano" est une pièce d'un quart d'heure inspirée à Adams aussi bien par l'univers onirique de Takemitsu que par le toucher sensuel de Bill Evans. C'est dire que l'Américain ne recule devant rien (mais ça, on le savait déjà). Et le pire, c'est que ça prend. Dès les premiers accords, posés par le piano seul, on est sous le charme. Puis les cordes viennent pour ainsi dire cueillir l'instrument soliste, dans un geste qui l'accompagne idéalement, sans une once d'agressivité. Le caractère ondoyant et rêveur de cette musique est parfaitement véhiculé par sa coloration très chromatique ajoutée à l'utilisation constante de clusters dans les cordes. Le tempo est très large, propice à la méditation, de même que ce motif pianistique qui revient de manière récurrente. Si érotisme il y a dans cette pièce, c'est peut-être par le biais de la douceur du toucher du pianiste britannique Paul Crossley, alliée à la forme voluptueuse du développement musical. Une oeuvre avant tout sensuelle, donc, qui pour cette raison ne réclame pas vraiment l'analyse, et de toute manière joue à s'y dérober.