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Photek › Modus operandi
informations
1997
line up
Photek
chronique
- drum 'n' bass
Rupert Parkes alias Photek fut un de ces producteurs de jungle techno qui eurent l'intelligence de comprendre que cette musique pourrait exister sans piste de danse, simplement en clouant sur son fauteuil un auditeur tétanisé par l'atmosphère glaçante qu'elle était susceptible de distiller. Ce qui fait la force de cette musique, encore aujourd'hui, c'est le contraste saisissant entre la froideur clinique des beats, souvent très répétitifs mais travaillés avec une précision au scalpel, et, au demeurant, la chaleur de certains timbres : claviers, nappes synthétiques, contrebasses échantillonnées. Certains rythmes pseudo-jazzy, avec leur mitraillage de ghost-notes à la boîte à rythme, ceux de "The hidden camera", "Modus operandi", plus smooth, "Aleph 1", ou l'invraisemblable "KJZ", sont à ce titre fascinants (Roni Size n'est pas loin). Mais ce qui fait la particularité de Photek, c'est peut-être autre chose : il y a tout au long de ce disque, de cette transe névrotique (l'hallucinant "Trans 7"), une angoisse qui sourd. Les brefs intermèdes entre chaque morceau sont révélateurs : cascades nocturnes, nuages d'électrons éparpillés, cartouches de fusil tombant à terre, sons suraigus qui transpercent l'oreille tels des aiguilles, grésillements de vinyle, ressac marin, bruits métalliques passés à l'envers qui surgissent comme des fantômes à travers la nuit. Pourtant, il y a également des moments presque planants ("124") ou enjoués. Derrière son apparente simplicité, son effrayante abstraction, cette musique s'avère en fait ambiguë au possible, insaisissable, entre feu et glace, sensualisme et mécanisme, terreur et grâce. Un alliage unique que Photek, à mon avis, ne parviendra plus à retrouver par la suite, ni avec "Form and function" ni avec "Solaris". C'est donc à l'ombre de ce ténébreux premier album qu'il faut choisir d'aller se refroidir.
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- Seedzel › Envoyez un message privé àSeedzel
Cet lp me replonge vraiment à une époque où l'electro offrait son lot de surprise quasiment tous les mois. De (très lointain) souvenir, son suivant Solaris prendra une voie bcp plus conventionnelle, plus house voir trip hop. En tout cas loin de la Jungle martiale de modus operandi.
- Note donnée au disque :
- (N°6) › Envoyez un message privé à(N°6)
Plutôt oui. À l'époque où il tournait un peu en boucle mais pas nécessairement en entier, le minimum syndical c'était Minotaur/Aleph 1/124, ce dernier étant toujours un moment de bonheur absolu. Très loin, c'est sûr.
- Dioneo › Envoyez un message privé àDioneo
L'enchaînement Aleph 1 - pseudo-jazz électronique de désert de givre/124, avec ses claps "house", ses bruits de rêves de vagues et sa petite cellule/mélodie répétée à l'envi (mais en discontinu, à une fréquence imprévisible) ses sons "à l'envers"... est bien bien classe, quand-même. Le truc qui te pose - mais dans un endroit loin, quoi.
Message édité le 30-04-2022 à 20:09 par dioneo
- Dioneo › Envoyez un message privé àDioneo
Tiens pareil, il a tourné encore et encore au moment de sa sortie et dans les années qui ont suivi... Pas écouté en revanche depuis un bon moment - aussi parce qu'un temps j'avais fini par tiquer au moindre "pattern drum'n'bass", d'en avoir un peu trop bouffé pendant une période. Bon, c'était un peu con vu qu'en réécoutant des trucs "du genre" ces derniers temps (Goldie, Gerald...), ça me paraît évident que certains morceaux/albums/bidules avaient bien plus à dire que ttrrrr-tchk_thck-a-tchk_a-tchk-trrckh ad lib, ou que "on fait du jazz dans l'espace" (c'est à dire mou/standard téléphobreakbeat/sample de deux notes de contrebasse sur douze minutes). Ce Modus Operandi, il m'a toujours plongé dans une ambiance "Stalker" plutôt "qu'Alien", perso, mais peut-être aussi parce que le moment où j'ai chopé le disque était précisément celui où notre prof d'analyse de film nous balançait du Tarkovski à longueur de cour... En tout cas je me réécouterai ça un de ces quatre, tiens !
Message édité le 19-12-2021 à 13:08 par dioneo
- (N°6) › Envoyez un message privé à(N°6)
El Classico. Dans l'espace, personne ne vous entendra crier. D'aucun diront que quand même, c'est assez austère et désolé tout ça. Et c'est vrai. Pas seulement, il y a ce ralentissement atmosphérique progressif à la moitié qui dessine des atmosphères plus deep, moins froides, et puis le morceau-titre qui se fait passer pour du dark-jazz très laid-back. Mais bien sûr, ça reste une expérience solitaire de traverser cette nuée de beats frappeurs comme on traverse un champ de météorites, avec ces accalmies qui ne préfigurent qu'une catastrophe à venir, en entendant à droite à gauche les inquiétantes voix de sirènes spatiales. Poncé à mort, j'en connais chaque recoin, ça se re-visite avec le plaisir d'être dans sa zone de confort, aussi inconfortable puisse-t-elle être à priori.
Message édité le 19-12-2021 à 10:56 par (N°6)