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Michaël Levinas (b. 1949) › La conférence des oiseaux
informations
Studio 103, Radio-France, Paris, en octobre 1986.
line up
Martine Viard (soprano-comédienne), Daniel Berlioux (comédien), Michaël Lonsdale (récitant), Ensemble l'Itinéraire, Michel Swierczewski (direction).
chronique
- contemporain/spectral/opéra
Glauque, sombre, dantesque aussi dans ses meilleurs moments... la musique de Michaël Levinas l'est. (Je ne saurais trop vous recommander, encore une fois, l'écoute d'"Ouverture pour une fête étrange" et de "Par-delà" pour vous en convaincre.) Cette "Conférence des oiseaux" ne fait pas exception. Il ne faut pas s'arrêter aux aspects expérimentaux et aux partis-pris de recherche (ici : sur différentes manières d'agir sur le spectre sonore). Comme toutes les bonnes musiques, celle de Levinas dépasse largement le côté manifeste théorique (ce qu'elle n'a jamais été réellement, en fait) pour s'aventurer dans les contrées les plus effrayantes et bouleversantes : celles de l'inconscient, du cauchemar, de cette atmosphère étrange et inquiétante qui vous submerge et laisse remonter d'antiques terreurs des profondeurs du ça. Le Symorg en est une : un absolu, une divinité, un mystère indicible et insondable vers lequel une quête d'ordre métaphysique est entreprise. Symboles d'une humanité en désarroi : des oiseaux, entraînés non sans peine par une huppe hargneuse vers cet au-delà. Ils y laisseront presque tous leur vie et les quelques rescapés se retrouveront finalement face à ce qui n'est que l'image d'eux-mêmes. Le livret de cet opéra, adapté par Jean-Claude Carrière d'un conte persan de Attar ("Le langage des oiseaux"), assez sibyllin voire incompréhensible lorsqu'on essaie d'en décoder la lettre, devient fascinant sous un éclairage purement symbolique. Pour mettre en musique cet univers, Levinas mêle des moyens électroniques assez subtils de déformation du son et d'utillisation de samples à ses processus habituels de production de timbres inouïs (vibrations par sympathie, infra-sons, instruments normaux reproduisants des cris d'animaux, réverbérations infinies...) Un rêve angoissant et étouffant. Et puis il y a les voix, dans ce qui est finalement plus un oratorio qu'un opéra. L'acteur franco-britannique Michaël Lonsdale (également metteur en scène de cet opéra lors de sa création) est, comme on pouvait s'en douter, parfait en récitant. Sa voix calme et posée, au timbre chaud, envoûtant, fait merveille (vous la connaissez certainement, même sans le savoir, vu le nombre de films où il a joué). Pour le reste, l'incroyable étendue de registre de Martine Viard, cette comédienne-chanteuse qui irradiait par sa présence les "Récitations" de Georges Aperghis, est bien évidemment utilisée à fond, que ce soit pour faire entendre les piaillements invraisemblables de la huppe exhortant les autres oiseaux à partir, ou bien ses vociférations, ses longs et profonds appels aux "oiseaux négligents". L'oeuvre dans son ensemble souffre peut-être d'un léger déséquilibre (le début est un peu long à mon goût) ; je crois en outre qu'il ne faut pas chercher à l'écouter en suivant le livret mais plutôt se laisser emporter par cette musique magmatique et insaisissable, qui, à l'image de ce mystérieux Symorg, semble être un horizon qui se déplace en même temps que la perception qu'on peut en avoir.
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