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Piotr Ilyitch TchaÏkovski (1840-1893) › Symphonie n°1

8 titres - 77:12 min

  • Symphonie n°1 en sol mineur "rêves d'hiver", opus 13
  • 1/ Allegro tranquillo 11.20
  • 2/ Adagio cantabile, ma non troppo 10.40
  • 3/ Scherzo : allegro scherzando giocoso 8.00
  • 4/ Finale : andante lugubre
  • allegro moderato
  • allegro maestoso
  • allegro vivo 13.43
  • 5-8/ Symphonie n°2 en ut mineur, "petite russie" op 17.

informations

La symphonie n°2 n'est certes pas un modèle de joie de vivre par sa rigueur d'écriture et les puissances rythmiques et sonores qu'elle dégage. Il s'agit néanmoins d'une oeuvre non dramatique, dans laquelle Tchaïkovski a surtout cherché à exploiter pour mieux lui rendre hommage le folklore slave, et ukrainien en particulier. Si il y a peu de chance qu'elle déçoive l'acquéreur de la symphonie numéro 1, sa nature fondamentale ne justifie pas une chronique sur ce site. Il s'agit de l'édition collection du millénaire de Deutsche Grammophon qui réunit deux immenses chefs pour un repertoire malheureusement peu fréquenté. Les premières symphonies de Tchaïkovski sont de fait et curieusement peu visitées, malgré leur beauté, et je ne connais pour ma part aucune autre interprétation. Mais il en existe bien entendu.

line up

Opus 13 : Orchestre symphonique de Boston; Michael Tilson-Thomas (direction); Opus 17 : Orchestre New Philarmonia; Claudio Abbado (direction)

chronique

  • romantique - musique symphonique

Avant d'entamer avec sa quatrième une démarche plus ambitieuse de symphoniste "psychologique", qui culminera dans la sixième, Tchaïkovski pratiqua la symphonie en peintre de la russie, de ses tristes paysages et de ses hivers blancs. Tchaïkovski ce sont d'abord des thèmes, des mélodies, un sens inné de l'émotion et de la mélancolie, un rapport privilégié avec la beauté. "Rêves d'hiver", sa première symphonie, s'ouvre sur un chant de flûtes et de bassons qui évoque les premières lueurs du matin. Un thème à la fois doux et vif, repris par les violons; un thème qui va se moduler peu à peu pour amener l'orchestre aux portes de la violence, passant par l'inquiétude : les hivers, en Russie, ont leur lot de bourrasques. Gonflé, noirci et sonore, le chant d'introduction s'est fait orage et lourdes ténèbres. Des contrebasses aux piccolos, tous les pupitres vont se passer les notes, chaque instrument, dans le calme ou la tourmente, esquissant les lumières d'une prairie sous le froid ou libérant les souffles des tempêtes les plus noires... puis arrive l'adagio et sa longue mélodie à faire pleurer une pierre, amenée avec dolence par des levées de cordes diaphanes et affectées : absolument sublime, terriblement tragique, merveilleusement léger, ce deuxième mouvement est une contemplation d'une déprimante beauté, un regard arrêté sur un pays de neige, sur une lande endormie par le blanc et le froid; l'espace et les échos entre les instruments offrant aux harmonies une ampleur incroyable, le compositeur russe peut oeuvrer en douceur durant dix longues minutes et nous plonger ainsi en plein coeur de janvier. D'une très grande accessibilité, notamment dans ces oeuvres débutantes, la musique de Tchaïkovski brille par son évidence, la lisibilité parfaite de son sens mélodique que vient parachever un travail sur l'orchestre aussi riche qu'élégant. "Rêves d'hiver" ne ment pas. Onirique, enneigée, douce et contemplative, elle soulève le blizzard et gronde comme le tonnerre entre deux champs de givre. Sans s'apesantir, sans pathos, le russe livre déjà une oeuvre de pure tristesse; de ces marches solitaires, dans le froid et la neige; de ces promenades tranquilles où la contemplation pousse à verser des larmes; les violons larmoyants accompagnent les pensées tandis que l'on se perd à regarder au loin l'horizon indistinct sous un ciel de flocons. Rien n'est plus proche du froid qu'une corde d'alto qui vibre, rien n'évoque mieux l'hiver que les notes aériennes des flûtes et des hautbois. Rendue hypnotisante et d'une grande force lyrique par sa grâce mélodique, la symphonie n°1 de Tchaïkovski n'est rien d'autre qu'une fabuleuse errance dans les steppes de Russie, là où la solitude et la grandeur des choses nous autorisent enfin à écouter nos pleurs.

note       Publiée le dimanche 6 novembre 2005

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    Arno Envoyez un message privé àArno
    Le premier mouvement me fait un peu penser aux dernières symphonies de Dvorak... C'est... descriptif quoi...
    Note donnée au disque :       
    MANDRAGORE Envoyez un message privé àMANDRAGORE
    Quelle heureuse surprise de voir ce chef d’œuvre injustement méconnu figurer sur GOD ! Une des plus belles œuvre du maître, qui donne réellement l’impression d’errer dans un paysage enneigé. L’adagio est splendide, et le sous titre que le compositeur lui a donné « Pays désolé, Pays brumeux » en dit long sur l’ambiance générale du morceau. Pour le reste je n’ai rien à ajouter à l’excellente chronique de sheer-khan. Amateur de musique sombre et d’atmosphères hivernales vous savez ce qu’il vous reste à faire…
    Note donnée au disque :