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Pygmées Aka › Centrafrique : anthologie de la musique des Pygmées Aka

  • 1987 • Ocora C559012 13 • 2 CD

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zenithzahir      mercredi 27 avril 2016 - 17:32
Macbeth      dimanche 21 janvier 2007 - 23:17
Trimalcion      samedi 5 novembre 2005 - 01:11
Kronh      lundi 23 novembre 2015 - 17:42
gotulb      jeudi 18 décembre 2008 - 14:34
Spektr      dimanche 11 mars 2007 - 00:57

33 titres - 134:27 min

  • CD 1 (68:52) - 1/ Rituel précédant le départ de la chasse Kingo ya mo-e (3:04) - 2/ Wango (3:14) - 3/ Kokola efese (4:32) - 4/ Bola bosombo (4:29) - 5/ Appel de chasse (mogombi) (4:53) - 6/ Chant pour le retour de la chasse (nzombi) (3:42) - 7/ Danse après avoir tué un éléphant (monzoli) (6:33) - 8/ Rituel précédant la récolte du miel (7:47) - 9/ Rituel précédant la récolte du miel (1:22) - 10/ Rituel précédant la récolte du miel (2:53) - 11/ Rituel précédant la récolte du miel (1:42) - 12/ Rituel précédant la récolte du miel (2:24) - 13/ Berceuse (2:05) - 14/ Chant pour la mère qui est enceinte (2:15) - 15/ Trois jeux d'enfants : Nze-nze-nze (2:22) - 16/ Kulu-kulu (1:59) - 17/ Konzo bele (1:28) - 18/ Divots (4:06) - 19/ Anduwa (7:01) - CD 2 (65:35) - 1/ Musique pour la consécration d'un nouveau campement (7:10) - 2/ Musique pour la danse Ngbolu (4:38) - 3/ Musique pour la danse lombe (3:39) - 4/ Musique pour la danse lombe (7:23) - 5/ Deux chantefables : L'oiseau (Nyodi) (3:07) - 6/ Taille fine nanga ningi (2:58) - 7/ Chant de déploration sur le cadavre Boyiwa (6:02) - 8/ Musique de divination Dikobo (5:35) - 9/ Musique de divination Diye (3:48) - 10/ Musique de divination Apolo (3:48) - 11/ Koko ya ndongo (4:50) - 12/ Yaya (6:02) - 13/ Mbola (3:50) - 14/ Mbola (2:09)

informations

Forêt équatoriale de Centrafrique, 1978.

line up

Pygmées Aka

chronique

L'Homme est originaire du continent africain, dit-on. Sa musique aussi. Je ne l'ai jamais ressenti aussi fort qu'en écoutant cette anthologie de musique pygmée tirée du catalogue Ocora de Radio France, un enregistrement exceptionnel d'ailleurs, qui fit date et qui fut bardé de récompenses internationales. On trouve ici plus qu'un retour aux sources primordiales, plus que les racines de mille formes, de mille concepts, de mille états qui définissent toutes les musiques ; on trouve le langage d'un peuple pour qui le chant, la mélodie libre, le rythme, le contrepoint... sont des choses aussi naturelles que la respiration, que la naissance et la mort ; des choses qui accompagnent tous les moments de la journée et toutes les étapes de l'existence. C'est véritablement unique, bouleversant. Je ne paraphraserai pas le livret qui accompagne ce disque, document exceptionnel, passionnant traité ethno-musicologique, foisonnant de détails relatant toutes les plus minuscules occasions à partir desquelles sont utilisés tel ou tel type de chant, de forme musicale, par les Pygmées Aka. Sachez simplement qu'il existe chez eux un style de musique bien précis pour CHAQUE chose (récolte du miel, chasse, jeux d'enfants, berceuses, chant s'adressant aux enfants pour les rassurer sur l'état de leur mère enceinte, pour leur dire qu'elle saura partager son amour et qu'elle ne va pas les délaisser après la naissance du nouveau-venu, etc.) Tout fait sens. C'est une sorte de miracle, et c'est miracle aussi qu'on ait pu capter d'aussi près ces chants, qui ont été, tous, enregistrés en situation, au coeur de la forêt équatoriale centrafricaine (les Pygmées sont des tribus nomades ayant très peu de contacts avec l'extérieur). L'inconvénient de cette démarche est la médiocre qualité du son, des balances, les problèmes de variations de distance de la source par rapport aux micros... mais en contrepartie, et pour peu que que l'on se fasse à ces rugosités (rebutantes aux premières écoutes), on sera captivé par l'authenticité, et la véracité de cette musique, qui est musique vécue, musique de vie. Et en même temps, tout cela est tellement riche, tellement complexe tout en étant si naturel, que ça donne le vertige. La pulsation de base, pourtant assurée par des percussions rudimentaires (battue des mains, tambours, baguettes, lames de fer), est déjà incroyable de par sa mise en place, ses schémas en perpétuelle évolution, sa rigueur implacable alliée à une forme si subtile de liberté rythmique. C'est plus que de la transe, plus que de la musique répétitive où les américains iront puiser (où tout le monde ira puiser), c'est aussi, au milieu, du rubato dans le tempo, du swing, que sais-je... Et puis il y a le chant en groupe : les interprètes commencent sur une ligne mélodique simple qui trouve soudain des échos venus on ne sait d'où, des lignes de contrepoint surprenantes et fascinantes ; chaque interprète prend tout à coup son autonomie, tout en se pliant au principe de base qui fera que tout le monde se retrouvera finalement à chanter ensemble : c'est là aussi libre et rigoureux à la fois, c'est du free avec des règles ; et ces lignes mélodiques qui s'entremêlent, c'est aussi surhumain qu'une cantate de Bach - une polyphonie symbole et polyphonie vitale. Les groupes de voix (hommes, femmes, enfants), les diverses techniques de chant (voix de poitrine, falsetto, jodel, murmures...), l'improvisation, le flow, les questionnements et les réponses (appels dans la forêt), les chorales, les berceuses sublimes, le caractère ludique de certains chants, les lentes progressions et montées en puissance, l'émotion, les moments intimes (duo final des deux jeunes filles qui improvisent un contrepoint), la douceur, la sérénité, c'est trop, c'est tout... Inouï, fascinant et bouleversant. Ce disque, une fois que l'aurez apprivoisé, changera plus que votre vision de la musique : votre vision de l'humanité.

note       Publiée le samedi 5 novembre 2005

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    Rastignac Envoyez un message privé àRastignac
    avatar

    J'écoute de suite un autre enregistrement from Centrafrica, chanté et joué par des Mbenzele, sorti dans un label semble-t-il tenu à l'époque par le réseau d'alliances françaises ; je sais pas s'il y a des différences avec l'enregistrement chroniqué : en tout cas, les percussions on dirait *vraiment* des battements de cœur dans ce qu'il y a de plus biologique (cf. le début de Chaos A.D., mais sur tout un album) - enfin un cœur qui s'emballe sec. Les polyphonies sont vraiment envoutantes, et la prise de son est parfaite, on se voit rapidement avec les musiciens autour de nous, c'est fort.

    Coste Envoyez un message privé àCoste

    Difficilement comparable / Hautement estimable. Cette musique semble jaillir le plus naturellement du monde des entrailles de la terre.

    Kronh Envoyez un message privé àKronh

    Ces gens sont grands! (je le dis sans jeu de mots) Une musique puissante qui décrasse les oreilles, et certainement influente; la très belle berceuse "Mo Boma" est à l'origine du nom du groupe international d'ambient "tribal" que j'admire également.

    Note donnée au disque :       
    Macbeth Envoyez un message privé àMacbeth
    Tiens, tout cela me fait penser que je ne l'avais pas encore noté, ce monument, d'une pureté et d'une intensité à chialer. Une découverte précieuse, souvent dispo en médiathèque soit-dit en passant.
    Note donnée au disque :       
    sog Envoyez un message privé àsog
    C'est rare de lire une chronique qui donne autant envie d'acheter le disque !! J'ai eu un peu la même impression lors d'un voyage au Maroc, dans les montagnes du moins: la musique n'a pas la fonction de divertissement qu'elle a ici, mais elle rythme la vie, fait symbiose avec la vie. La question de "chanter juste", de "savoir jouer ou pas" est de moindre importance: le but n'est pas de rechercher une perfection formelle mais de faire corps avec les évènements (mariages, etc.) et les travaux quotidiens. La musique cimente un lien social alors qu'ici, me semble t il, chacun écoute son truc dans son coin (et moi le premier) et s'isole au maximum (par exemple en se vissant des écouteurs sur les oreilles).