Saviour Machine › Legend III:I

Quatre ans après la seconde partie, voici enfin le troisième et dernier volet de la trilogie consacrée à l'Apocalypse...euh...dernier ? Vu le titre, 'Legend III:I', rien n'est moins sûr...Passons. Dès le premier titre, 'Twelve hundred sixty days', on se dit que ce délai de quatre ans n'était pas une mauvaise chose car il semble avoir rechargé à bloc les batteries de Saviour Machine. Les parties mélancoliques au piano et les passages plus pêchus témoignent d'un retour à la mélodie. Alors que 'Legend II' n'existait que dans l'ombre de son prédécésseur, ce disque-ci témoigne d'une fraîcheur de composition comme si le groupe retrouvait l'envie d'écrire de véritables chansons et plus seulement les morceaux d'un gigantesque opéra. Bien que la guerre avec les légions de Satan ne soit pas encore arrivée à terme, les croyants ont repris confiance en la promesse de Dieu, du coup l'album démarre de manière sombre mais plus sereine, notamment sur 'The ancien serpent' et ses très beaux choeurs mais rien n'est jamais linéaire chez Saviour Machine et des passages plus électriques éclatent de-ci de-là, pourtant même sur un titre glauque comme 'Abomination of desolation' où l'on retrouve un Eric Clayton désespéré, des claviers tristes et une chorale célèste s'en viennent adoucir cette obscurité. Plus d'une fois, l'auditeur croira replonger dans les climats de films d'horreur qui caractérisaient 'Legend II' et à chaque fois une touche plus 'lumineuse' tempérera cette impression à l'intérieur de la chanson. Dans une certaine mesure, Satan a déjà perdu la bataille, même si pour l'heure, tout laisse à penser que son règne est encore bien puissant. Et le groupe de s'envoler dans des flambées épiques mêlant guitares heavy gothiques, montées de choeurs, vocaux poignants ('Two witnesses', 'The fall of Babylon). Justement, si Eric endosse toujours parfois le rôle de prédicateur ('Three angels', 'The sixth judgement'), c'est davantage en chanteur qu'il s'affirme. Il est net cependant que 'Legend III:I' ne renouvelle pas le style de Saviour Machine et ceux qui n'apprécient pas l'aspect épique et flamboyant de leur goth metal ne seront pas convertis. En revanche ceux qui aiment cette touche grandiloquente seront servis, les arrangements de la chorale sont superbes, le jeu de clavier toujours excellent, les climats parfaitement maîtrisés d'où cette impression quasi cinématographique. Et last but not least, 'Legend III:I' est un album à l'identité forte, pas un clône des deux autres mais bien un disque empli de nouvelles chansons qui renvoient parfois aux débuts du groupe. Quelque chose m'inquiète pourtant, trois albums, c'est bien mais si comme le laisse présager le titre, Saviour Machine souhaite poursuivre dans le concepte de sa saga apocalyptique, il est à craindre qu'une grande lassitude s'installe...D'accord, les écrits de St-Jean sont passionnants mais après tout ce travail, il serait temps de passer à autre chose, histoire que la discographie de Saviour Machine ne se limite pas simplement à une mise en opéra des révélations de Pathmos, à moins que ce ne soit le but ?