Saviour Machine › Legend part II

Legend I s'était achevé sur l'avénement du règne de la Bête sur terre, logiquement ce second volet débute donc sur des climats inquiets: 'Little children, it's the last hour...the Antichrist is with us, even now, the Antichrist has come'...certes, des choeurs épiques tapissent le fond, mais des sonorités grinçantes et des claviers lourds martèlent la trame d'une route longue et semée de larmes. Des roulements de batterie et des claviers orientaux se font tribune pour la voix de Eric qui tel un prêcheur conte ce récit de la fin des temps, atmosphère orientale qui perdure sur 'New world order' accentuant de ce fait le mysticisme qui se dégage de l'album. Plus encore que sur le précédent opus, l'aspect prophétique de Saviour Machine est ici mis en avant, on reconnaît ça et là des bribes de textes et d'orchestrations déjà présentes sur le disque d'avant, histoire de montrer que les différents volumes de LEGEND sont parties d'un seul tout. Le côté épique, flamboyant, théâtral et symphonique explose ici littéralement: roulements, montées de claviers, attaques de guitare lourdes...mais rien n'est linéaire, les rythmes surgissent, meurent, se croisent, s'envolent au paroxisme, s'abattent comme brisés... La voix de Eric semble occuper tous les rôles entre récitation des écritures, désespoir des croyants, timbre inquiétant des serviteurs de la Bêtes...Des morceaux comme 'Antichrist III-the balance of power' nous plongent dans des atmosphères de films d'horreur. De ce chaos, cette noirceur et cette violence, nulle lumière ne semble pouvoir éclore...Pourtant si les pièces précédentes formaient comme une sorte de bloc, 'Behold a pale horse' se détache soudain, de par sa rythmique programmée, ses constructions plus rock gothique et une touche de mélancolie reprise par le piano triste qui ouvre 'The martyrs cry'. Pour la première fois, c'est la fragilité qui paraît l'emporter sur la noirceur étouffante, les croyants demandent l'aide de Jésus...le chant de Eric et les choeurs tristes rendent ce moment plutôt poignant, avant que les roulements de batterie ne redonnent une dynamique plus positive; Dieu a entendu la prière de ses enfants, une nouvelle force est en marche. Si l'aspect épique flamboie toujours, il est cette fois porteur d'espoir même si les atmosphères inquiétantes de 'The sixth seal' prouvent que rien n'est joué...Chacun pourtant savoure la foi retrouvée, l'idée d'une paix nouvelle, Dieu n'abandonne pas ses enfants....mais une nouvelle guerre est proche. Comme son prédécésseur, Legend II s'achève sur des atmosphères glauques et noires, Satan n'a pas dit son dernier mot et les armées du Seigneur doivent se fortifier...Une fois de plus, Saviour Machine a réussi son ambitieux pari de transcrire en musique l'Apocalypse de St-Jean. Ce deuxième volet souffre pourtant, comme souvent dans les suites d'albums, du syndrome du second, à savoir que s'il est bon, il tire néanmoins sa substance des cendres du premier, présent à plus d'un titre, dans les textes, les orchestrations...Il constitue le second épisode obligé, moins passionnant, qui annonce le dénouement final. Je lui reproche une volonté atmosphérique trop marquée et un manque de titres forts sur l'ensemble. Legend II n'en demeure pas moins un album riche et difficile d'écoute qui doit être appréhendé dans son intégralité et non chanson par chanson. Les adversaires de Saviour Machine lui reprocheront un aspect trop grandiloquent, pompier, un peu trop 'Seigneur des Anneaux' et je ne puis leur donner tort...Saviour Machine, on aime ou pas...ce mélange de rock gothique extrême, de métal épique enveloppé de mysticisme chrétien séduit ou rebute...à chacun de voir...mais Dieu que ces cds sont difficiles à chroniquer !