Christian Fennesz › Fennesz plays

Je me demande si Fennesz ne l'a pas fait exprès... Je veux dire exprès d'avoir choisi deux très grands classiques de la pop et du rock des sixties, "Paint it black" des Rolling Stones et "Don't talk..." des Beach Boys (extrait du légendaire et sublime "Pet sounds"), juste histoire d'appâter le chaland, et ce afin de lui faire entendre deux compositions supplémentaires de... Christian Fennesz ! Oui, parce que la manière dont il se réapproprie ces deux titres célèbres est telle qu'il ne subsiste pour ainsi dire rien des originaux (j'ai cru reconnaître quelques notes de "Paint it black", et encore). Tant mieux, me direz-vous, quoi de plus ennuyeux que ces reprises calquées à la note près ? Quel intérêt ? Nous sommes d'accord, seulement ici, on a les limites d'un exercice de style qui s'apparente davantage à une entreprise de déconstruction post-moderne, et qui laisse pour le moins dubitatif, même si les structures éclatées, les sons concassés et les drones fêlés de l'Autrichien sont bien au rendez-vous. Quel intérêt y a-t-il d'autre part à faire figurer le nom de morceaux dont il ne reste rien ? Bref, c'est sur un sentiment de déception que me laisse ce deux-titres, dans lequel j'aurais aimé entendre tout de même quelques échos de Keith Richards ou de Brian Wilson (et pourtant, j'ai aussi fait l'expérience de l'écouter juste après avoir ré-entendu les originaux !) Métamorphose d'un achèvement trop parfait, peut-être... Pour les collectionneurs uniquement.