Guts Of Darkness

Notre fringant quinquagénaire repart en mission avec "In The Name of...", un nouveau brûlot jazz électrique de plus à rajouter à la longue liste des testaments qu'il a laissé derrière lui. Derrière lui aussi le pourtant fidèle David Murray qui a fait le choix d'accorder davantage d'importance à sa carrière solo. On l'a bien vu ; en évoluant dans des contextes nettement moins déstabilisants, le saxophoniste ténor retombe assez facilement dans une forme de post bop dégraissé de toutes ses extravagances. La musique de James "Blood" Ulmer est pure énergie. Un peu tordue, certes, mais c'est précisément ce qui fait tout son charme. Un socle rythmique exigeant dont les abstractions harmoniques assurées par le guitariste incitent à une permanente remise en question. Difficile de faire un choix dans la discographie hasardeuse du Music Revelation Ensemble. Tous font preuve d'une grande générosité et véhiculent des moments d'une rare intensité. Mais leurs couleurs diffèrent toujours en fonction des acteurs en présence. Si "Elec.Jazz" ne donnait qu'un seul son de cloche, "In The Name of..." multiplie les perspectives. Cette richesse lui donne peut-être un certain avantage. En effet, pour combler de déficit du souffleur, Arthur Blythe, Sam Rivers et Hamiet Bluiett viennent prêter leurs voix à cette série de sept titres oscillants entre funk, jazz et blues. Qui plus est, Sam Rivers qui se colle à trois compositions du guitariste leader, varie les plaisirs en jouant de la flûte ("Mankind"), du ténor ("Help") et du soprano sur "In Time", un moment de furie assez prodigieux. Blythe joue de l'alto sur "Non Believer", "Abundance" et "Purity" dans un registre plus classique, alors que Bluiett fait rugir la gravité de son baryton sur "The Dawn". Propulsé par la section rythmique Ali/Rochester aux vertus épileptiques encore plus accentuées que de coutume, ce trio de solistes permet à "In The Name of..." de figurer sans doute parmi les meilleures réalisations du Music Revelation Ensemble.