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ZSF Produkt, Tokyo, Japon, 1997.
Masami Akita (bruits électroniques, bandes, EMS synth-A, EMS VCS 3, Moog the rogue, etc.)
Lorsque Merzbow rencontre un autre artiste pour une collaboration ponctuelle, sa fureur bruitiste s'en trouve, par la force des choses, tempérée par l'apport du complice. Mais pour le concassage le plus extrême et impitoyable (et sans interruption) du tympan, c'est aux disques en solo du maître qu'il faut se référer. Je ne puis me targuer, étant donné la pléthore d'albums existants, d'être un spécialiste. En effet, il y a des cinglés qui ont acheté la Merzbox (une valise contenant, outre un livre et divers objets collectors, une collection de 50 - oui : cinquante ! - CDs du Japonais ; je n'ose imaginer la tête de l'auditeur qui en arrive au bout) ; et je ne fais pas partie de ce club. Mais au fond, peu importe : il n'est nul besoin avec Merzbow de peser, d'intellectualiser, de conceptualiser la musique. L'expérience sonore doit se suffire à elle-même. Ici, on retrouve ce qui caractérise très souvent l'art de Masami Akita : accumulation de samples débités à toute vitesse, distorsion extrême des sons, fréquences hyper saturées et agressives, maintien sur presque toute la longueur du disque d'un même niveau d'intensité sonore très élevé... C'est-à-dire tout ce qui fait sa force (au niveau de l'impact physique du son, qui saisit et violente constamment l'auditeur, créant également un effet de transe), mais aussi, nécessairement, sa faiblesse (au niveau du manque de variation du volume sonore ainsi que de la texture d'ensemble, qui pousse à la saturation). 1930 est tout de même un bon cru : la gamme de sons et d'effets utilisés est variée, il a d'énormes montées d'adrénalines par moments, et l'on est rapidement entraîné dans l'ouragan, dans le déferlement bruitiste. C'est un furieux télescopage de bruits blancs, fracas de verre et de métal, assauts d'ondes courtes, qui vous mettra le cerveau en purée. Le titre de l'oeuvre fait sans doute référence à la grande crise économique qui frappa l'occident industrialisé durant cette décennie - et l'on peut donc voir dans cette heure de musique une métaphore de l'homme civilisé broyé par les machines qu'il s'est construit (mais en fait on s'en fout). Le meilleur de l'expérience arrive au dernier mouvement, là où précisément le Japonais ménage davantage ses effets, utilise des nuances, théâtralise sa composition - ce qui ne lui donne que plus de force.
note Publiée le samedi 17 septembre 2005
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Non mais "1930" quoi, tu pourrais danser dessus