A Tribe Called Quest › The love movement

"The Love Movement" n'est pas un disque mais un testament. La dernière trace audiophile d'un groupe majeur de la scène hip hop, même s'il ne fût jamais honoré de la même couverture médiatique que la plupart de ses congénères. C'est bien connu ; les acteurs de l'ombre récoltent que trop rarement les lauriers qui leur sont dûs... Mais s'il vous fallait une preuve supplémentaire que A Tribe Called Quest fût une des formations rap les plus influentes de son époque, il n'y a qu'à se remémorer l'émoi que l'annonce de leur split suscita au moment des faits. Malgré le désintérêt notoire dont le groupe a toujours souffert, il n'est pas une personne concernée par le hip hop qui ait pu rester insensible face à cette dramatique nouvelle. Simple coup de marketing ? Il ne serait pas faux de le croire car si sur papier Q-Tip, Phife et Ali semblent se quitter en bons termes, leus carrières solo respectives vont leur permettre de régler quelques comptes par disques interposés. Tous, malheureusement, échoueront lamentablement à tenter de faire perdurer la magie, en dépit de l'opportuniste projet Lucy Pearl auquel participa Shaheed Muhammad. Comme à leur habitude, la production est soignée et A Tribe Called Quest de nous déliver encore quelques bons titres, comme "Find a Way", "Like It Like That", "Pad & Pen" ou encore l'instrumental "Moms". Mais en tant que point final, le constat reste particulièrement amer, d'autant que le groupe semble désormais incapable de résister aux sirènes du commercial ("Da Booty", "Give Me" ou dans une moindre mesure "Busta's Lament"), empétrés dans des beats préformatés et sans reliefs. Malgré tout, s'il se montre moins sombre, "The Love Movement" paraît en tout cas plus homogène que son prédécesseur. Autre argument de peu de poids ; un deuxième cd, en version limitée, propose - sans surprises - des fonds de tiroir de l'époque bénie de "The Low End Theory" et "Midnight Marauders". Mi-juillet 2005, on reparle d'une reformation du trio magnifique. Enfin, Messieurs, n'est-il pas déjà trop tard ?