Miztura › Miztura

Vivre dans un pays où le climat est pourri - entendez pluvieux - génère, vous auriez du vous en apercevoir, un sentiment de morosité général qui affecte le moral du plus grand nombre. On se surprend alors à passer le plus clair de notre temps à pester, abjurant tous nos dieux en échange d'un vague rayon de soleil, réclamant à corps et à cris un peu de sa lumière et de sa chaleur. S'il est prouvé scientifiquement que le manque de clarté a des incidences d'ordre psychologique sur la santé de nos semblables, ce serait assez mesquin de tout lui mettre sur le dos... Il ne faudrait pas oublier que le blues, le spleen, se nourrissent avant tout d'un mal-être profond, la plupart du temps déterminé par une condition sociale précaire. Aux yeux d'un nord européen, la situation géographique de Miztura est à ce titre des plus avantageuses ; ces catalans devraient en toute logique bénéficier de températures clémentes toutes l'année, concentrant qui plus est tout autour d'eux parmi les plus belles plages du Continent, sans penser un seul instant à en laisser un peu pour les autres. Sur leur premier album éponyme, ce groupe espagnol prend le pli de la grammaire post rock qui lui va à ravir pour nous balancer sa dose de désespoir et de pessimisme. Il fait sale, triste, et lourd chez Miztura. À l'instar de Café Teatro, un chorus de trompette se laisse entendre sur "Answer", mais la comparaison s'arrête là. Les éclats seront ici bel et bien guitaristiques, quelque part entre l'introspection de The Black Heart Procession et la part du malin qui habitait encore Mogwai du temps de sa prime jeunesse. Les titres, relativement longs, ne manquent pas de doper la curiosité de l'auditeur par le biais de ses multiples rebondissements souvent heureux. On déplorera peut-être le manque de conviction du chant en anglais, relativement sous-mixé du reste, même s'il contribue à dépeindre, à sa manière, les climats humides qui les hantent. Un disque post rock de plus, c'est vrai, mais qui ne fera pas doublon dans votre collection.