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John Adams (b.1947) › El Niño

2 cds • 24 titres

  • 1I sing of a maiden06:20
  • 2Hail, Mary, gracious !04:48
  • 3La Anunciación09:34
  • 4For with God no thing shall be impossible01:15
  • 5The babe leaped in her womb03:30
  • 6Magnificat03:23
  • 7Now she was sixteen years old03:20
  • 8Joseph's dream04:32
  • 9Shake the heavens05:53
  • 10Se habla de Gabriel08:26
  • 11The Christmas star06:45
  • 12Pues mi dios ha nacido a penar04:36
  • 13When Herod heard02:28
  • 14Woe unto them that call evil good04:22
  • 15And the star went before them02:25
  • 16The three kings05:26
  • 17And when they were departed01:11
  • 18Dawn air04:22
  • 19And he slew all the children01:43
  • 20Memorial de Tlatelolco09:12
  • 21In the day of the great slaughter03:21
  • 22Pues está tiritando03:35
  • 23Jesus and the dragons02:49
  • 24A palm tree07:57

informations

Théâtre du Châtelet, Paris, France, décembre 2000.

line up

Terry Edwards (direction), Lorraine Hunt Lieberson (mezzo soprano), Dawn Upshaw (soprano), Willard White (baryton), Theatre of voices, Paul Hillier (direction), London voices, Deutsches Symphonie-Orchester Berlin, Kent Nagano (direction).

chronique

Voici un disque qui traîne sur ma platine depuis des mois, je l'écoute de temps en temps, mais je ne sais toujours pas ce qu'il faut en penser. Les représentations au théâtre musical du Châtelet à Paris, en décembre 2000 (commande pour fêter l'entrée dans le troisième millénaire) m'avaient fortemement impressionné. Pour la circonstance, John Adams et son complice de toujours, le metteur en scène avant-gardiste américain Peter Sellars, avaient conçu un livret sur un thème de circonstance, celui de la Nativité. Il s'agit d'un oratorio mêlant à des extraits des Evangiles de Matthieu, de Luc, et de textes apocryphes, des poèmes mystiques d'Hildegard von Bingen, de Sor Juana Inés de la Cruz... ainsi que des textes contemporains de poétesses latino-américaines chantés en espagnol (Rosario Castellanos, Gabriela Mistral), entre autres. Ces diverses sources sont exploitées de manière à ce que la narration du miracle de la naissance se fasse de manière progressive, depuis l'annonce divine de Gabriel jusqu'à l'adoration suscitée par le nouveau-né. Bien entendu, ce thème sacré comporte des résonnances modernes, notamment à travers les textes sublimes de Rosario Castellanos, qui évoquent aussi bien les souffrances de l'enfantement et la difficulté d'élever un enfant dans la pauvreté, que les révoltes sanglantes de Mexico en 1968 qui acquièrent une dimension universelle. Sur cette thématique très riche et ambitieuse, les installations de Peter Sellars faisaient merveille : projections en vidéo d'images d'archives évoquant des épisodes tragiques de l'histoire du XXème siècle, austérité des décors et des costumes, chorégraphie très moderne, tableaux vivants... Sur scène, avec le choeur, seuls trois solistes portent sur leurs épaules ces deux heures de musique (dont la fameuse soprano américaine Dawn Upshaw) ; et dans la fosse, il y a Kent Nagano... Je restais donc sur un souvenir plutôt éblouissant de cette représentation historique, abondamment relayée à l'époque par de nombreux media, fait rare pour ce genre de manifestation : John Adams était devenu une véritable icône de pop-art musical, et Peter Sellars, dans un français presque parfait, se répandait dans les interviews sur le choix des textes, les échos entre les thèmes intemporels du livret et le choix de ses images, la tragédie de ces latinos-américains qui essayaient de passer en fraude la frontière des Etats-Unis pour échapper à la misère, leur vie dans cette Californie si chère aux auteurs de cette oeuvre, et dont ils apprécient bien évidemment les nouveaux éléments de culture hispanophone dus à une immigration importante. Pourtant, l'écoute du disque seul s'avère quelque peu décevante. Peut-être à cause de la pauvreté, enfin disons du minimalisme de l'orchestration, malgré la présence de synthétiseurs et de guitares acoustiques (histoire de donner quelques colorations plus hispanisantes) ; à cause aussi d'une certaine platitude, "mollesse" rythmique inhabituelle chez John Adams, que ne vient pas compenser le travail mélodique. Depuis 10 ans, le compositeur ne s’est guère renouvelé. Il y a toutefois quelques moments d'éclat : le puissant choeur "For with God no thing shall be impossible", la fureur sacrée de "Shake the Heavens", le formidable final fugué de la première partie. Dans la seconde partie, qui s'ouvre avec l'émouvante aria accompagnée des choeurs "pues mi dios ha nacido a penar", viennent d'autres moments impressionnants : la colère d'Hérode (avec les scratchs des percussions), et bien sûr le "Memorial de Tlatelolco" qui concentre en lui les siècles de violence qui ont vu naître la civilisation "moderne" sur le continent américain : "La oscuridad engendra la violencia y la violencia pide oscuridad para cuajar en crimen..." (L'obscurité engendre la violence et la violence exige l'obscurité pour se coaguler en crime) - mis en parallèle avec la fureur divine de l'Ancien Testament. Globalement, je suis plus intéressé par l'aspect poétique de l'oeuvre (et en particulier par les textes de Castellanos, qui apparaissent souvent aux moments les plus intenses, dont le final et sa "poesía"), que par sa musique, qui, trop linéaire et univoque, s'efface très vite de la mémoire de l'auditeur.

Moyen
      
Publiée le dimanche 14 août 2005

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    Trimalcion Envoyez un message privé àTrimalcion
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    À vrai dire, je ne me tiens même plus au courant de l'actualité de John Adams, mais oui, il va falloir que je me rattrape, d'autant plus que je suis pas loin de chez lui maintenant...

    Note donnée au disque :       
    Arno Envoyez un message privé àArno

    Trimalcion, tu devrais te pencher sur Doktor Atomic... Le monologue d'Oppenheimer qui clôt le premier acte est renversant...