Before Silence › The screaming wolves

Les démos pleuvent et on ne compte plus les promos qui transitent entre les doigts fébriles d'une armée de facteurs sillonnants les rues de nos villes à la recherche de quelques fentes salvatrices qui les libéreront d'un poids certain. Cette frénésie de production est à l'image de notre société qui court, qui court, bille en tête, sans jamais se retourner, sans jamais voir le tas d'immondice qu'elle laisse traîner derrière elle, sans jamais remettre en question son mode de fonctionnement. Pourquoi s'évertuer à vouloir faire comme tout le monde parce qu'on a réussi à élever telle ou telle attitude au rang de modèle ? Ce sont là quelques unes des questions que je me pose souvent et qui trouvent étonnamment un écho dans toute une série de disques qui m'ont été envoyés ces derniers temps. S'imaginer que je prends un malin plaisir à descendre tout ce qui ne cadre pas avec mes attentes personnelles serait une erreur à ne pas commettre, d'autant que même ces certitudes là ne sont pas pour moi à l'abri d'une profonde remise en cause. C'est une tâche particulièrement ingrate et finalement peu agréable que de devoir écrire noir sur blanc le fond de sa pensée, surtout quand celle-ci va à l'opposé des attentes d'une formation qui, de toute évidence, met du coeur dans tout ce qu'elle fait. Mais pourquoi diable les gens préfèrent-ils qu'on leur mente puisqu'ils vous en veulent quand vous leur dites la vérité ? Before Silence pratique un métal lourd rehaussé de grosses louches de prog par l'entremise de nappes de synthétiseurs parfois bien envahissants, le claviériste étant par ailleurs le compositeur du groupe ; il n'y a donc pas de mystère. Les trois titres de cette démo ne manquent pas de petites trouvailles rythmiques intéressantes qui définissent l'écriture complexe du groupe, mais le manque de parfaite mise en place sur des pièces aussi ciselées ne pardonne pas, et c'est ce que l'on peut malheureusement entendre sur les premiers couplets de "The Screaming Wolf". Le chant de Jean-Christophe n'est pas toujours juste non plus, mais vaut bien mieux que les choeurs qui l'accompagnent sur le même titre. Gageons que le groupe a encore beaucoup de choses à apprendre et surtout beaucoup de choses à dire puisque, friands de concerts un peu partout en Belgique, ils proposent d'ores et déjà un set de soixante minutes.