Larval › 2

Ceux qui auront adoré le premier Larval ont de grande chance d'aimer le sobrement intitulé "2". Non pas que les deux disques se ressemblent, mais la formule est ici poussée encore plus loin. Renforcée par une guitare de plus, deux saxophones et un quatuor à cordes, désormais la musique de Larval prend son envol et revendique clairement son aspiration à plus de respectabilité. Les plages sont construites selon un mode d'écriture très lisible où le jeu en canon, l'exploration des gammes et l'utilisation pertinente de dissonances sont légion. Mais il n'est pas question ici d'ériger une déferlante noise qui va s'abattre sur l'auditeur au gré de variations subtiles et échelonnées dans le temps. Si le second Larval est plus succint que le précédent, il se révèle aussi plus décisif. Les compositions laissent cette fois transparaître une véritable personnalité là où autrefois on aurait pu à la rigueur leur reprocher une simple mise en application des préceptes de la musique microtonale, en guise de mise en jambe. C'est vrai que leur premier album comprenait d'excellents titres ; les longues suites de dix minutes ne sont plus là mais la tension reste. Elle s'abat sur nous avec même une pointe de lyrisme, comme on peut l'entendre sur "Kristen Lavransdatter" et son coda "Kristen's Death", encore plus poignant. Bill Brovold et Larval n'ont rien de progressifs, et pourtant, il ne serait pas étonnant qu'ils trouvent oreille attentive, si pas acueillante, auprès des quelques curieux friands de nouveauté, de ceux qui s'impatientent avant la sortie d'un Thinking Plague, pas d'un Pallas... Pour ceux qui n'ont toujours pas prêté une oreille à ce groupe, il n'est pas encore trop tard pour vous rattraper.