Akós Rózmann › Impulsioni / De tva, med tre instrument

Bien que suédois, Akos Rózmann est un compositeur d'origine hongroise. Mais en dépit de ses origines, il partage finalement très peu de choses avec son illustre compatriote Györgi Ligeti. Sauf que son approche de la modernité le conduit à transcender prioritairement la musique contemporaine dans son tissu organique. Tout ici est crispation ; crispation des cordes avant tout, et crispation de l'auditeur à fortiori aussi... Le travail de Rózmann, organiste de formation, s'étend désormais aux techniques studio à partir desquelles il va s'employer, tel un véritable transformiste, à manipuler les sons et leur faire dire des choses relativement déplaisantes. C'est que, une des raisons fondamentales qui devrait nous pousser à nous intéresser à l'oeuvre de ce compositeur moins connu, c'est qu'il a toujours su cultiver un savoureux mélange fait d'antagonismes, à commencer bien sûr par ceux que tout oppose : la vie et la mort. Les trois mouvements de "Impulsioni" nous font entendre ce que Rózmann est capable d'accomplir de plus extrême en terme de traîtement sonore (excepté pour son troisième mouvement où des choeurs effacés font basculer l'oeuvre). La longue suite en neuf mouvements, "De Tva, Med Tre Instrument", se décline de manière beaucoup plus classique - toute proportion gardée bien entendu - puisqu'ici l'orchestre est mis à contribution, même si passé à la moulinette de l'arrangeur en chef. L'ensemble de cordes peut se recouvrir d'un long manteau lugubre, prolongeant leurs vibrations de basses crépusculaires, abruptement entrecoupées par des interventions grinçantes. A ce titre, "Nummer IV" agit comme un révélateur et synthétise tout ce que Rózmann nous a prouvé jusqu'ici au gré de ce recueil d'un noir opaque : les voix, les effets, les outrages, les horreurs... Encore un disque déroutant sorti du catalogue Fylkingen Records, un des plus âpre défenseurs de la musique électroacoustique scandinave.