Grimness › Increase humanity disgust

"Increase humanity disgust" est le type d'albums face auxquels le chroniqueur n'a d'autre choix que de se poser la question fatidique : "Quel est mon rôle?". Doit-on limiter sa générosité aux seuls groupes réellement novateurs, faut-il être impitoyable au point de ne signaler que l'exception au détriment du simple savoir-faire? Car sans être un clone de quelque groupe que ce soit, Grimness n'est pas non plus la formation par laquelle arrivera la révolution metal extrême... mais, c'est un fait, la qualité est là, et bien là. Inspiré, parfaitement construit, servi par une production sans surprise mais puissante et précise, le premier album des italiens est, à la rencontre du black et du thrash, une collection de 7 titres jouissifs qu'il me semblerait un peu dur de ne pas saluer, sous pretexte de non-génie. A l'aise dans l'avalanche blastée comme dans la baffe headbangante, les 4 transalpins alternent le scotchant et le défoulatoire, le dévastateur et l'efficace grâce à une gestion rythmique aussi intelligente qu'imparable, une technique irréprochable, et un excellent sens du riff, qu'il soit black, thrash, purement ténébreux ou finement mélodique. Des titres comme "Katharsis..." ou autres "Slay the demiurge" utilisent à merveille cette alternance de rythmes, assommant l'auditeur sous une tempête de notes avant de le doper aux emphétamines thrash pour mieux le relever. La complémentarité des deux guitares qui assurent solidité rythmique et dimension harmonique, la prestation du batteur qui varie les vitesses, les breaks et déplace ses accents pour mieux accroître une force de frappe déjà bien assise par des enchaînements de riffs de haut niveau, l'engagement irréprochable d'un vocaliste hargneux aux lignes travaillées; chaque membre de Grimness tient parfaitement sa place et confère à l'ensemble une cohérence solide que l'auditeur se prend de plein fouet dans la gueule, tout à tour écrasé sous la fureur d'un black dense et obscure ou saisi par les trippes d'un thrash surefficace. Entre détours et lignes droites, Grimness impose sa force et défonce tout, suffisamment direct pour ne jamais faiblir, et largement fouillé pour ne jamais lasser. Tout est puissance, ambiance et muscles, les riffs rentrent dans le crâne et n'en ressortent plus. Grimness n'est pas à proprement parlé une nouvelle sensation, c'est juste un bon gros kiff sans aucune faute de goût qui nous donne à bouffer un tas de nouveaux riffs et de breaks calculés, pour une grosse demi-heure de décibels furieuses. J'ai déjà plein d'albums, moins de temps qu'il n'en faut et une soif légitime de beau et d'inédit. Mais à Grimness je marche... et plutôt deux fois qu'une.