Vous êtes ici › Les groupes / artistes › D › DJ Kolt › Verdadeiro
DJ Kolt › Verdadeiro
informations
Artwork : Márcio Matos. Pochettes peintes individuellement à la main. Vynil 12" à lire en 45t.
chronique
- kuduro > batida
Magnifique et bien trop court, cet EP. Un bout d'une ville, d'une musique, d'une vie dont j'ignorais tout jusque là. Quatre plage d'une Lisbonne Afro électronique – nocturne, brûlante, glacée, sensible et mécanique. Des rythmes ont voyagé depuis l'Afrique lusophone – l'Angola, d'abord, puis via le Cap Vert... Se sont colportés, semble-t-il, en Europe, et jusqu'au Brésil même. Via les exils et descendances, communautés réimplantées, diasporas – on parle de formes, ici, kuduro ou batida, nées pendant une guerre civile. On parle de danses créées pour partie par des gens mutilés – soldats ou civils à qui une mine ou un éclat avait arraché un membre, un bout de corps... Ça vous dessine des pas étonnants. On parle d'une modernité, aussi, qui ne copie rien, n'adapte pas – qui n'a rien d'une « world music ». D'une musique, à la place, qui utilise les mêmes moyens qu'ailleurs, que partout, pour créer un « ici » qu'on ne saurait confondre, une fois l'oreille entrée.
Le son est profond – les lignes, les patterns de percussions sonnent dures, métalliques, mais la production crée un espace vaste, aéré. Les gens du label parlent d'une ambiance, d'une couleur « gothiques ». Oui – à condition toutefois de ne pas prendre le terme comme une étiquette de genre. « Gothique », pas comme dans death-rock ou cold-wave, batcave etc., non. Gothique comme dans Gotham-sur-le-Tage ? Quelque chose comme ça – la Cité à l'heure où celles et ceux qui dorment ne soupçonnent rien de ce qui se trame. Des dangers dehors – des plaisirs dehors. Les samples vocaux sont brefs – coupés nets et trafiqués, pitchés, compressés, étirés. Rares, aussi. La rythmique, donc, tape et bouge – déplace ses accents, transforme ses cycles. C'est saisissant de netteté – et confondant de mobilité.
Lisbonne... On dirait Detroit ? On dirait Berlin ? Sans doute pas. Sans doute guère. Sans doute pas pour rien, cependant, si cette musique là rappelle – plus que bien d'autres mais bien autrement, celle des premiers maxis signés Underground Resistance, à l'époque où l'on savait à peine qui se cachait derrière les pseudos et les white-labels. Sans doute pas pour rien, s'il m'a paru tout naturel de tomber sur ce disque chez Hard Wax – à Berlin, donc, boutique assez incroyable fondée par la moitié (Max Ernestus) des duos Basic Channel et Rhythm & sound, autres adeptes d'un minimalisme aux horizons immenses. C'est bien ça, le point commun : le presque-rien qui fait du sans limite tangible. Avec en plus, là, ce sens particulier de la brièveté, je le répète : une fois lancées les impulsions, elles vont leur course, parcourent leurs boucles puis se transforme... Et puis on passe ailleurs.
Ce doit être parfait, tiens, à caler dans un mix. Ça raconte comme ça – sans rapporter les épisodes, en rendant plutôt, tels quels et ramenés à leur expression la plus simple, vitesses, climats, articulations. Ça doit pouvoir s'articuler, oui – avec d'autres plages paysages, d'autres plages substances, d'autres rythmes-organismes-et-expériences-sociales. C'est une complexité façonnée au plus brute. Appelée à se heurter, se fondre, dialoguer avec d'autres – complexités, formes, émotions, mouvements, attractions, refus... D'autres musiques nées partout – mais jamais n'importe où. D'autres bouts délimités qui parviennent à nos sens – sans jamais rien couper de ce qui les lie aux lieux et circonstances, à celles et ceux qui les ont amenés là.
Dans le même esprit, Dioneo vous recommande...

![K.Hand - [Ready For The Darkness]](../images/pochettes_200/8082_16635.jpg)

dernières écoutes
Connectez-vous pour signaler que vous écoutez "Verdadeiro" en ce moment.
notes
Note moyenne 1 vote
Connectez-vous ajouter une note sur "Verdadeiro".
commentaires
Connectez-vous pour ajouter un commentaire sur "Verdadeiro".