Black Jazz Chronicles › Future juju

Pour faire court (c'est pourtant pas mon genre), ce "Future Juju" et le "Planetary Folklore" de As One partagent la même démarche musicale. A savoir un mélange alors inédit entre musiques électroniques et les vibrations organiques du jazz, voire des musiques du monde, comme c'est particulièrement le cas ici. Quelques mois séparent seulement les deux publications, et la seule vraie différence fondamentale qui distingue ces deux productions anglo-saxonnes, c'est que Black Jazz Chronicles se veut nettement plus dansant. Il ne faut pas se fier à "Up & Down", intro délicate pour piano électrique solo à l'écho persistant (auquel "Promises & Lies" répond en quelque sorte en fin d'album). Toutefois, à travers son jeu ouvertement mélodique, puis son travail rythmique, tout indique qu'Ashley Beedle, instigateur du projet Black Jazz Chronicles, ne peut trahir ses origines house. Deephouse plus précisément ici, sorte de déclinaison plus aventureuse des disques de Larry Heard. Mais le terme house ne doit pas vous effrayer pour autant. Il est d'application ici pour aider à définir une approche bien précise en terme de production. Un mélange parfois étrange entre des sonorités faites maison et la rémanence de jungles denses et marécageuses sur lignes de basse façon Weather Report période "Mr.Gone" ("Ancient Future"), le souvenir de fragrances latines ("Dope Stuff"), le tout entrecoupés d'expérimentations diverses, sans conséquences notables, entre quatre murs, d'où s'échappent des filets de flûte, des rythmes allant parfois même lorgner méchamment du côté de l'afro-beat ("The World will rock"). "Future Juju" propose donc une relecture sympathique de la musique électronique moderne, perpétuant la longue tradition fusion des musiques vivantes. Formellement abouti, la seule chose finalement qui me pousse à me montrer plutôt réservé au sujet de ce disque, ce n'est pas, comme on aurait pu le penser, son appartenance à un genre musical qui, bien que décrié, a lui aussi des choses à dire, mais tout simplement son absence flagrante de magie et de mystère.