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Pharoah Sanders › Tauhid

cd • 3 titres • 34:20 min

  • 1Upper Egypt and Lower Egypt16:12
  • 2Japan03:22
  • 3Aum/Venus/Capricorn Rising14:46

informations

USA, Novembre 1966

Il s'agit du pressage cartonné japonais à tirage limité

line up

Nathaniel Bettis (percussions), Roger Blank (batterie), Dave Burrell (piano), Henry Grimes (contrebasse), Pharoah Sanders (saxophone alto et ténor, piccolo, chant), Sonny Sharrock (guitare)

chronique

  • free jazz

Il est difficile d'imaginer Pharoah Sanders ne pas prendre part à l'aventure du second quartet que John Coltrane constitua dès 1965. Les deux hommes sont en effet habités par le même feu, motivés par la même quête ; ils ne pouvaient que marcher côte à côte sur ces sentiers de lumière qu'ils ont été les seuls à arpenter avec une telle inébranlable conviction. On appele ça le destin. Et on parle ici de foi. Sanders a tout du disciple. Un être discret, jamais aussi volubile que quand il s'agit de parler de métaphysique ou d'ésotérisme. Et quand il empoigne son saxophone, il ne fait rien d'autre. Un appel au divin. Autour de nous, et en nous. Cet éternel appel à l'élévation, disais-je, renouvellé à l'occasion de chaque performance, à l'occasion de chaque titre enregistré, à l'occasion de chaque disque, dans le chaos de nos préoccupations bassement matérielles. Après un premier album relativement sage sur ESP, le saxophoniste ténor se voit très logiquement proposer un contrat chez Impulse! "Tauhid" sera sa première réalisation pour le label de Creed Taylor. Tout le Pharoah qu'on aime est déjà là. Son aspiration universelle pour les cultures étrangères (les percussions de "Upper Egypt and Lower Egypt", illuminé par un splendide solo au piccolo, ou la mélodie forcément asiatique de "Japan") ; un terreau qu'il s'emploiera à cultiver avec ferveur et passion, non seulement pour lui mais aussi pour les autres (Alice Coltrane, Leon Thomas, Lonnie Liston Smith). Et puis, évidemment, un coeur gros comme ça. Une générosité palpable dès les premières secondes. Toutefois, et peut-être parce qu'il s'agit ici de son premier essai en tant que leader, face à des pointures comme Dave Burrell au piano ou le mésestimé Sonny Sharock tout bonnement sensationnel au cours de cette session, Pharoah Sanders ne tire pas (encore) toute la couverture pour lui seul. Il accorde le temps nécessaire à chaque musicien pour développer leurs ambiances, installer leurs tapis, et commencer leur prière avant qu'il ne vienne faire son entrée, en grand ordonnateur, délivrant son homélie, partageant la bonne parole avec ses ouailles. Parce qu'on entre dans la musique de Pharoah Sanders comme on rentre dans les ordres : pour ne plus jamais en sortir.

note       Publiée le mercredi 18 mai 2005

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    Coltranophile Envoyez un message privé àColtranophile

    Il tient remarquablement bien le choc des années, celui-ci. Les grandes processions n'ont pas commencé mais la communion est en route. "Japan" reste un peu trop sur l'exotisme d'agence de voyages. Mais laisse le temps de boire son thé matcha entre les deux pièces de résistance.

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    Coltranophile Envoyez un message privé àColtranophile
    Parfois, je me relis et je suis sidéré par les conneries que j'arrive à écrire. Grâce à l'ami Ayler (du site, pas le fantôme du grand Albert), j'ai récouté "Tauhid" et son prédecesseurt sur ESP. Le disque ESP est très moyen, voir mauvais, dû surtout à des sidemen largués et pas du tout en phase avec un Sanders déjà bouillonnant. "Tauhid" annonce bien "Karma" bien que "Karma" aille beaucoup plus loin dans son esthétique "spiritualiste". '"Japan" est le point faible de cet album mais Sanders a le bon goût d'en faire un morceau court, qui sonne d'ailleurs moins japonisant à mes oreilles qu'amérindien.
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    Coltranophile Envoyez un message privé àColtranophile
    Bien plus dans la continuité de son disque sur ESP que le fameux "Karma" à venir, Sanders est ici encore assez soucieux de se conformer à la tradition des formations jazz. Après tout, Coltrane ne l'était-il pas lui aussi? Mais son style est déjà en place, bien que d'une intensité moindre à ce qui allait venir bientôt. Toujours ce terrible dilemne, celui du peuple noir tout entier diront certains, entre le cri et le chant. La nécessité de faire cohabiter les deux, de les fusionner en un langage nouveau qui sera une libération pour tous. Un des premiers pas de Sanders dans cette direction. Pas un pas de géant, mais un pas qu'il ne faudrait pas ignorer.
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