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Blue Rock Studio, New York City, USA, février - juillet 1973
Carla Bley (piano, piano électrique, orgue), Jack Bruce (chant, basse), Don Cherry (trompette)
Ce disque a fait l'objet d'une réédition cd en l'an 2000 sous forme de double cd, le deuxième étant "Silence", enregistré en 1977
Voilà quelques disques à présent que le couple Bley/Mantler a pris pour habitude de nourrir leur musique des textes d'auteurs contemporains. Après Paul Haines ("Escalator Over The Hill", "Tropic Appetites"), et avant Edward Gorey ("The Hapless Child") ou "Harold Pinter ("Silence"), c'est à Samuel Beckett qu'ils s'attaquent. "No Answer" est un disque noir et austère. Oui. Replié sur lui-même. Oui. Un hermétisme glacial qui trouve sa source dans l'oeuvre même de l'écrivain irlandais. Le vide, le vide vertigineux de l'homme face à sa propre destinée, face au néant de l'existence. L'abîme de l'absence. Oui. Trois fois oui. La damnation du doute et l'effroyable solitude qui l'accompagne. Divisée en deux thèmes scindés respectivement en quatre cycles chacun, l'un juste un tout petit peu plus lumineux - ou moins lugubre - que l'autre, la sémantique littéraire de Beckett s'illustre sans complaisance au travers de l'instrumentation spartiate mise en place par un Michael Mantler qui se préfère en chef d'orchestre. La gestuelle de Carla Bley sur ses claviers, entre sentences lapidaires et spirales infinies, dessine à elle seule toute la colonne vertébrale du disque. Le côté dramatique de l'orgue et du piano se voient quelque fois tempérés par la folie douce des motifs hypnotiques du piano électrique. Don Cherry intervient dans les mouvements aux expositions les plus longues pour incarner de sa trompette acide la bataille acharnée que notre conscience se livre à elle-même. Et puis, Jack Bruce, qui n'en finit pas d'étonner de par sa grande curiosité, vient donner vie à des textes au diapason des tourments de nos semblables ; " [...] and the mud yes and the dark are true" (Number Six), "[...] silence no answer die no answer die screams i may die screams i shall die screams good" (Number Twelve). On pourra encore pendant longtemps se reposer sans cesse toutes ces questions existentielles, les mêmes qui ont plongé nos ancêtres dans les affres de la douleur, les mêmes qui tortureront nos descendants. Il n'y aura jamais de réponse.
note Publiée le samedi 14 mai 2005
Note moyenne 4 votes
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Pas moins aride, ni prétentieux en fait, que le "Silence" qui viendra. Don Cherry est là. Pas assez à mon goût. Mais tout de même.