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Carla Bley › Escalator over the hill
- 1971 • Jcoa 839 312-2 • 2 CD
2 cds • 27 titres • 120:22 min
- 1Hotel Overture13:12
- 2This Is Here...06:02
- 3Like Animals01:21
- 4Escalator over the Hill04:57
- 5Stay Awake01:31
- 6Ginger and David01:39
- 7Song to Anything That Moves02:22
- 8Eoth Theme00:35
- 9Businessmen05:38
- 10Ginger and David Theme00:57
- 11Why02:19
- 12It's Not What You Do00:17
- 13Detective Writer Daughter03:16
- 14Doctor Why01:28
- 15Slow Dance01:50
- 16Smalltown Agonist05:24
- 17End of Head00:38
- 18Over Her Head02:38
- 19Little Pony Soldier04:36
- 20Oh Say Can You Do ?01:11
- 21Holiday in Risk03:10
- 22Holiday in Risk Theme00:52
- 23A.I.R.03:58
- 24Rawalpindi Blues12:44
- 25End of Rawalpindi09:40
- 26End of Animals01:26
- 27...And It's Again27:17
enregistrement
RCA Recording Studios, New York City, USA, novembre 1968
line up
Gato Barbieri (saxophone ténor), Carla Bley (claviers, chant), Jack Bruce (chant, basse), Don Cherry (trompette, percussions), Charlie Haden (contrebasse, voix), Jeanne Lee (chant), Karen Mantler (guitare, chant), Michael Mantler (piano, trompette), John Mclaughlin (guitare), paul Motian (batterie, percussions), Don Preston (synthétiseur), Perry Robinson (clarinette), Linda Ronstadt (chant), Roswell Rudd (trombone, voix), Bob Stewart (tuba, voix), Paul Haines (textes, voix), Paul Jones (voix), Viva (chant)
remarques
chronique
- Styles
- jazz
- Styles personnels
- free jazz fusion > opéra
Quelle allumeuse cette Carla Bley ! Une croqueuse d'hommes qui enchaîna les aventures avec Paul Bley, Michael Mantler, puis Steve Swallow. Si ces commérages n'apportent rien de constructif à ma chronique, ils nous permettent malgré tout de constater que même le petit monde élitiste de la musique d'avant-garde n'est pas à l'abri de vulgaires histoires de cul. Et que finalement leur musique est à l'image de leur propre vie : confuse. "Escalator Over the Hill" est encore une pièce imposante, de celles avec lesquelles il faut compter, pas nécessairement pour son écrasante réussite, mais aussi pour toutes les questions qu'elle soulève. Son aspect impénétrable lui confère des airs d'opéra jazz dantesque qui va s'en aller piocher son casting majoritairement auprès des membres de la Jazz Composers's Guild que Carla Bley vient juste de fonder avec son compagnon de l'époque, Michael Mantler, mais pas seulement (l'ex-Mothers Don Preston, Jeanne Lee, Linda Rondstadt, etc.). "Hotel Overture" et "This is Here...", les deux premiers titres de ce recueil, résument parfaitement le spectre des paysages qui seront visités durant ces deux heures désormais condensées sur deux cds. Le premier expose le thème principal porté par un ensemble de cuivre aussi lugubre que langoureux. Le pas est lourd, l'orchestre se muant dans un geste grâcieux en phénomène de foire, arborant alors des mélodies comme tirées du théâtre enfumé de Kurt Weil. Puis Gato Barbieri vient ponctuer l'aventure de ce cri puissant, habité et chaud si caractéristique, histoire de nous sortir de ce cauchemar finalement assez plaisant. La seconde plage synthétise une série d'autres thèmes récurrents, mais son traîtement particulier tient à affirmer d'emblée que "Escalator Over the Hill" veut ratisser large, au-delà du jazz, mais pas forcément des modes : "This is Here..." serait ainsi plus à rapprocher de l'école minimaliste, s'inspirant en quelque sorte des expérimentations électroniques de l'époque menées par Paul Bley et Annette Peacock. Voilà donc deux optiques différentes, bientôt enrichies d'une troisième par l'entremise de "Businessmen", propulsé par la dynamique d'un trio juteux constitué de Paul Motian, Jack Bruce et John McLaughlin. Aux confins de genres que tout oppose (jazz, rock, opéra, avant-garde), cet ovni discographique a pour tâche ambitieuse de les fusionner par le biais du seul élément qui les lie ; ce même besoin, ce même désir de se redéfinir en allant au bout des logiques admises par leurs grammaires respectives. Au gré des titres qui se succèdent, nous retrouverons donc chacune de ces perspectives, parfois juxtaposées, parfois réellement imbriquées les unes dans les autres. Au cours de ces vingt-sept titres, on aura eu le temps de faire également un long détour par les musiques du monde, esthétique assurée par qui mieux que Don Cherry sur "A.I.R. (All India Radio)", puis les brûlants "Rawalpindi Blues" et "End of Rawalpindi" par un McLaughlin pas encore Mahavishnu, mais cela ne saurait tarder. De plus, ceux qui douteraient encore de l'influence des Beatles sur notre manière de concevoir le musique se retrouveront vite à court d'arguments ; après cette incartade façon "Within You Without You", "...And It's Again" vient résumer à rebours le parcours accompli dans un enchevêtrement de thèmes avant de se mettre en boucle pendant plus de vingt minutes sur un bourdonnement presque hypnotisant. A situer quelque part entre les travaux de Gil Evans, la recherche du non-conformisme affichée par Charles Mingus et la richesse hétéroclyte du Zappa de "Hunchentoot" ("Sleep Dirt"), "Escalator Over The Hill" réunit tout simplement trop d'éléments séduisants pour que l'on puisse y rester trop longtemps insensible.
note Publiée le samedi 14 mai 2005
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- Gros Bidon
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- Dioneo › Envoyez un message privé àDioneo
Dis-donc, on n'a pas dû voir les mêmes Parapluies... J'ai pas souvenir en tout cas de (la doublure vocale de) Deneuve et consort poussant des braillantes éraillées comme on en entend là sur Like Animals/Escalator/Stay Awake ! On avait dû te glisser du LSD dans ton Demy, je soupçonne...
Et un peu plus sérieusement : je ne les trouve pas pénibles du tout, perso, les voix, là-dedans. Plus que "de variété" (sérieux ? ... Avec une telle musique "autour" ?) je les entends comme un dévoiement/retournement des vocalises cabaret/Broadway, d'un certain théâtre musical populiste - poursuivant, reprenant une ligne qui coure depuis (au moins) Weill/Brecht jusqu'à a.P.A.t.T. en passant par Luciano Berio et Robert Wyatt (par exemple, non-exhaustivement).
Y'a aussi un certain humour, là-dedans - qui n'est pas celui des Who de Tommy et post (qui à ce moment là commencent à mon avis à en manquer sérieusement, ou disons qu'à mon oreille le "rire" sonne forcé, chez eux, à cette période), pas non-plus celui de Zappa (qui peut être très lourdingue - et à mon sens perd la fraîcheur qui faisait que c'était parfois très drôle quand-même, à un moment, quelque part dans les années 70 je dirais...). En fait un humour moins exclusivement "de mecs pour des mecs (des vrais)", pas du tout réfractaire à un certain doute, à l'ambiguïté quant à ce qui serait intelligent ou complètement con, à ce dont on pourrait rire ou pas sans passer pour "naïf"... Sans doute que ça rend le truc rédhibitoire pour une certaine frange de "rockeurs à clous"... Mais pas pour moi, en tout cas.
Sinon j'aime bien sa perf, à la Ronstadt, moi, là-dedans. Et en passant, certains te diraient sans doute que niveau lissage et transparence, à comparer celle de la Laurie et celle de la Linda, ce n'est pas forcément l'Anderson qui y gagnerait ! (J'aime bien voire beaucoup certains disques de Laurie Anderson hein, qu'on se comprenne bien ! Mais le fait est que pour d'autres, il me semble, sa voix serait un peu l'archétype du timbre qui s'écoule sans rien accrocher, retenir - et sa musique typiquement le genre de prod datée, datable, difficile à écouter maintenant sans avoir l'impression d'exhumer des fouilles... Encore une fois ce n'est pas comme ça que je l'entends perso mais vu comme ça mettait le paquet sur une modernité de moyens devenue forcément obsolète entre temps, je comprends parfaitement qu'on puisse).
Puis sinon... Le solo de McLaughlin sur Rawalpindi Blues, est-ce que je m'en lasserai un jour ?! Bah je ne crois pas, non. Vraiment pas de sitôt !
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- Gros Bidon › Envoyez un message privé àGros Bidon
Bien sûr le coté "Opéra Jazz / Rock" peut dérouter et repousser mais ça serait dommage de s’arrêter sur ce point. Ignorons les voix qui sont aussi pénibles à écouter que celles des deux vierges des Parapluies de Cherbourg. Tout le monde n'a pas les qualités vocales de Laurie Anderson ! La composition musicale est assez déroutante, mélange d'un Jazz déstructuré, presque Free, nappé d'un rock que les Who (experts en opéra Rock) n'auraient pas renié mais entaché parfois de Pop Américaine sans couleur (Merci Linda Ronstadt). Quelques notes exotiques et musiques du folklore de rue ajoutent au trouble de cette œuvre insolite. En écoutant bien on peut même repérer des airs du succulent "L'Étrange Noël de monsieur Jack". Bref, pas toujours très simple à aborder mais vos oreilles finiront par vous dire merci de leur avoir ouvert une nouvelle route musicale.
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- SEN › Envoyez un message privé àSEN
Quelle putain d'intro, sans compter le solo de John Mc Laughlin sur "Businessmen" !
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- salida › Envoyez un message privé àsalida
C'est bien ça, un disque "panthéiste", une immense partouze de toutes les musiques uniquement guidée par la liberté et le talent. Et le monumental solo de saxophone d'"Hotel Overture" est certainement le passage musical qui me procure toujours le plus de frissons...
- taliesin › Envoyez un message privé àtaliesin
J'ai essayé... mais sorry, je n'adhère pas du tout :-(
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