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Witold Lutoslawski (1913-1994) › Concerto pour orchestre / Trois poèmes d'Henri Michaux / Mi-parti / Ouverture pour cordes

  • 1998 • Naxos 8.553779 • 1 CD

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Moonloop      vendredi 30 septembre 2011 - 10:02
hell      samedi 11 juin 2011 - 17:58
sergent_BUCK      jeudi 5 janvier 2006 - 02:57
Arno      mardi 19 juillet 2005 - 08:45
Trimalcion      samedi 7 mai 2005 - 18:45

8 titres - 70:52 min

  • CONCERTO POUR ORCHESTRE
  • 1/ Intrada (7:15)
  • 2/ Capriccio notturno ed arioso (5:49)
  • 3/ Passacaglia toccata e corale (16:15)
  • TROIS POEMES D'HENRI MICHAUX
  • 4/ Pensées (7:04)
  • 5/ Repos dans le malheur (6:39)
  • 6/ Le grand combat (7:46)
  • 7/ MI-PARTI (14:27)
  • 8/ OUVERTURE POUR CORDES (5:19)

informations

Salle de concert de la radio polonaise, Katowice, Pologne, septembre et décembre 1996, janvier 1997.

Il s'agit du cinquième volume de l'intégrale de l'oeuvre pour orchestre de Lutoslawski par Antoni Wit, parue chez Naxos. Cette édition est une véritable aubaine : c'est une intégrale récente (la seule complète que je connaisse), enregistrée par un orchestre et un chef polonais rompus à ce répertoire. Antoni Wit tire de sa phalange des sons d'une beauté et d'une précision inouïes. Le tout sous un label "économique", mais qui ici ne le cède en rien à la qualité. Sans concurrence.

line up

Anna Szostak (chef de chœur), Orchestre symphonique de la radio nationale polonaise, Antoni Wit (direction), Camerata Silesia (choeur)

chronique

  • contemporain/néo-classique/sériel/chaîne

Le destin de Lutoslawski n'est pas le même que celui des compositeurs français, allemands ou italiens de son temps. Le bonhomme est polonais, c'est-à-dire qu'après avoir connu la liberté, il a vécu sous une dictature communiste au sortir de la seconde guerre mondiale (qu'il a passée à Varsovie à jouer du piano dans les bars), au moment où il parvient à maturité artistique. Il se voit dans un premier temps interdire l'avant-gardisme le plus radical. Pourtant, ce fut peut-être aussi pour lui une chance (il l'a lui-même reconnu) car il put développer un langage plus « classique » qui allait davantage l'aider par la suite à trouver une voie originale. En même temps, la souffrance inhérente à la vie sous un régime d'oppression s'entend au détour de chacune de ses oeuvres, un peu comme chez Chostakovitch – on ne peut échapper à cet aspect vénéneux, qui est présent, et ce malgré la rigueur formelle dont fait preuve Lutoslawski, qui situe sa musique à mille lieues de tout épanchement « romantique ». Bon, alors le « concerto pour orchestre » est un truc à tomber par terre, le sésame royal pour entrer dans l'oeuvre du Polonais. A le ré-entendre, je me pose encore la question : comment peut-on être à la fois d’un tel raffinement et d’une telle sauvagerie ? C’est un des mystères qui planent sur ce chef d’œuvre de Lutoslawski, qui rivalise avec la pièce homonyme de Bartok, créateur du « genre ». Le raffinement, il est dans l’orchestre, qui se colore de mille nuances tout au long de l’œuvre : chacun des pupitres est successivement mis en avant, ce qui justifie, de manière plus évidente encore que chez Bartok, l’étrange appellation de « concerto pour orchestre ». Dans les années 1950, aucun compositeur, excepté Henri Dutilleux, ne peut se prévaloir d’une science de l’orchestration aussi consommée. La sauvagerie, elle se trouve au détour de chacun des trois mouvements qui composent le concerto. Dans l’Intrada, sur une pulsation continue, chaque famille d’instruments énonce le même motif, qui monte et se gonfle progressivement jusqu’à exploser dans un bref mais jouissif déferlement de violence, avant de redescendre tout aussi lentement. Le Capriccio notturno ed arioso, qui bruisse de manière plus souterraine, ménage une sorte de pause, interrompue cependant par un vigoureux appel des cuivres. Mais c’est dans le troisième et dernier mouvement, aussi long à lui tout seul que les deux précédents réunis, que le compositeur polonais nous inflige la claque la plus magistrale. La passacaille est la répétition d’un motif de basse, qui là encore est repris par chaque pupitre, enfle de plus en plus jusqu’à éclater et déboucher sur la fureur métronomique de la toccata. Le choral, dernière partie du troisième mouvement, se présente comme le premier mouvement sous la forme d’une arche, culminant en son centre dans une sauvage agression sonore puis se terminant en majesté. Sur le même disque, les trois poèmes d’Henri Michaux (délire musical surréaliste fidèle à l’esprit du poète belge) sont composés non plus pour chanteur soliste (comme c’était le cas de “Paroles tissées” et des “Espaces du sommeil”), mais pour choeur : l’effet n’en est que plus saisissant, entre glissements d’un octave à l’autre, piaillements et chahut : toute la palette d’expression d’un ensemble de voix semble être utilisée, avec une théâralité digne des “Aventures” de Ligeti. J’ai en particulier un faible pour “Le grand combat” : le savoureux poème de Michaux trouve véritablement son alter ego musical : “Il l’emparouille et l’endosque contre terre ; / Il le rague et le roupète jusqu’à son drâle ; / Il le pratèle et le libucque et lui barufle les ouillais ; / Il le tocarde et le marmine, / Le manage rape à ri et ripe à ra”. Mi-parti est une pièce pour orchestre atmosphérique, tardive, de Lutoslawski, une méditation puissante et parfois inquiétante qui peut faire songer à son “Interlude”. Enfin, l’hypnotique “Ouverture pour cordes” révèle bien, qu’après avoir rendu hommage à Bartok dans sa “Musique funèbre”, le Polonais n’a plus de leçons à recevoir du maître qu’il s’était choisi. Ce cinquième volume de l’intégrale d’Antoni Wit est le premier à posséder pour qui veut s’initier à la musique de Lutoslawski, qui n’a pas fini de hanter ceux qui seront parvenus à se laisser habiter par elle…

note       Publiée le samedi 7 mai 2005

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    Moonloop Envoyez un message privé àMoonloop

    Lutoslawski ist Krieg.

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    hell Envoyez un message privé àhell

    Je préfère la Musique Funébre, c'est peut être car c'est mon premier achat concernant Lutoslawski, mais pas seulement, elle est plus cohérente dans son ensemble, là ça va dans des sens très différents, et niveau son, je préfére, mais les poèmes ça assure quand même !

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    saïmone Envoyez un message privé àsaïmone
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    Michaux ist krieg.
    Trimalcion Envoyez un message privé àTrimalcion
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    effectivement
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    Arno Envoyez un message privé àArno
    Y a pas une coquille dans la tracklist du dos du CD ?... J'ai l'impression qu'ils ont inversé "Repos dans le malheur" et "Le Grand Combat"...
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