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Witold Lutoslawski (1913-1994) › Variations Paganini / Paroles tissées / Les espaces du sommeil / Symphonie n° 3

  • 1996 • Naxos 8.553423 • 1 CD

7 titres - 72:43 min

  • 1/ Variations Paganini (9:50)
  • 2 à 5/ Paroles tissées (15:49)
  • 6/ Les espaces du sommeil (15:27)
  • 7/ Symphonie n° 3 (31:37)

informations

Salle de concert de la radio polonaise, Katowice, Pologne, les 27 février (Variations Paganini), 31 mai (Paroles tissées), 30-31 août (Les espaces du sommeil) et 25-26 mai (Symphonie n° 3) 1995.

Il s'agit du troisième volume de l'intégrale de l'oeuvre pour orchestre de Lutoslawski par Antoni Wit, parue chez Naxos. Cette édition est une véritable aubaine : c'est une intégrale récente (la seule complète que je connaisse), enregistrée par un orchestre et un chef polonais rompus à ce répertoire. Antoni Wit tire de sa phalange des sons d'une beauté et d'une précision inouïes. Le tout sous un label "économique", mais qui ici ne le cède en rien à la qualité. Sans concurrence.

line up

Orchestre symphonique de la radio nationale polonaise, Antoni Wit (direction), Bernd Glemser (piano sur les Variations Paganini), Piotr Kusiewicz (ténor sur Paroles tissées), Adam Kruszewski (baryton sur Les espaces du sommeil).

chronique

  • contemporain/musique sérielle/chaîne

Ce troisième volume vaut surtout pour la "Symphonie n° 3", une des oeuvres les plus connues et les plus jouées du compositeur polonais. (Enfin, "connue", il faut le dire vite, bien évidemment, il n'en a pas vendu 500 000 comme la n° 3 de son compatriote Gorecki). Ceci dit, le reste se laisse bien écouter aussi. Tout d'abord, les "Variations Paganini" nous renvoient au premier style de Lutoslawski, et c'est une fois de plus un vrai bonheur : toujours une maestria orchestrale exceptionnelle qui se conjugue ici avec une virtuosité instrumentale qui n'a rien à envier aux références explicite à Paganini (dont le thème d'un des "Caprices" est pris ici comme motif de variations) ou implicite à Rachmaninov, par exemple. Le Polonais s'en joue pour mieux les transcender, au cours de dix minutes explosives. Les deux pièces qui suivent, "Paroles tissées" et "Les espaces du sommeil", rappellent les liens forts qu'entretiennent les intellectuels polonais avec la littérature française. En effet, chaque fois que Lutoslawski décide de composer pour des voix, il choisit des textes de poètes surréalistes de langue française (Jean-François Chabrun, Robert Desnos, Henri Michaux...) Somme toute, le sens des phrases qui s'enchaînent n'a que peu d'importance, c'est le "stupéfiant-image" de cette poésie qui est principalement exploité... images issues des rêves du poète ; ainsi que la sonorité des mots, à laquelle le compositeur fait écho par la sonorité des timbres de son orchestre, où dominent la harpe et le piano dans "Paroles tissées", créant une atmosphère fantastique, phantasmatique et parfois dramatique (cette musique sérielle avec alternance de relâchement et de tension propre au Polonais). Dans "Les espaces du sommeil", les bruissements des cordes et les chuchotis des percussions rendent également justice à cette ambiance onirique, à cette "inquiétante étrangeté" propre au rêve tel que décrit par Freud, et que tant d'artistes, qu'ils soient écrivains ou musiciens, ont voulu retrouver... parcelles de vérités indicibles issues de notre subconscient. Enfin vient cette fameuse "Symphonie n° 3" (1983). Quatre coups violents du tutti orchestral ouvrent et referment cette oeuvre savamment structurée, ils retentiront plusieurs fois au milieu de la symphonie, comme autant d'avertissements, de coups de semonce pour passer d'une partie à une autre. Ce clin d'oeil à la cinquième de Beethoven est le sceau du destin, et souligne l'aspect tragique de cette musique. Dans une première phase, on assiste à un défilé de fantômes orchestraux, qui prépare l'auditeur à une incarnation et à un déchaînement qui adviendront dans la seconde phase (c'est le principe de la deuxième symphonie, mais il est ici plus convaincant). A partir de la onzième minute, les "chaînes" de Lutoslawski s'enclenchent. Ou comment une sauvagerie démoniaque peut se faire l'alliée d'un formalisme apparemment si austère. A l'apogée de l'oeuvre, qui survient aux deux tiers de la durée (le nombre d'or n'est pas loin...), on est écrasé par ces masses sonores dévastatrices et effrayantes. Oui, l'effroi... l'art de notre temps est rarement optimiste et gai.

note       Publiée le samedi 7 mai 2005

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